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Libération
Éditorial

Incendie

publié le 9 mars 2020 à 21h01

On le sait, les marchés financiers ne sont pas des modèles de sérénité. Ils viennent d’en donner une nouvelle preuve. Alors que la population, en dehors de quelques manifestations de panique localisées, affronte avec un certain sang-froid l’épidémie de coronavirus, les Bourses mondiales ont plongé verticalement lundi matin à l’ouverture. Une chute qui porte un nom redouté dans l’histoire économique : le krach, de sinistre mémoire. On croit que la panique vient des citoyens menacés dans leur santé : elle vient des boursiers menacés dans leurs bénéfices. La crainte d’une récession conjuguée à la baisse du prix du pétrole en sont la cause immédiate. Or l’épidémie, si elle dure quelques semaines, ou même quelques mois, sera immanquablement suivie par un rattrapage qui effacera une partie des pertes de l’économie réelle.

Qu’à cela ne tienne : les spéculateurs sont comme les moineaux. Au moindre bruit, ils s’égaillent. Dans le doute, ils ne s’abstiennent pas, ils vendent. Ils aggravent ainsi des risques qui sont bien réels. Le ralentissement de l’activité engendré par les précautions antivirus obère la croissance. Il fait craindre une chute de la consommation, un recul de l’investissement, un arrêt de l’embauche. D’autant que cette fièvre atteint un corps fragile : l’économie mondiale vit sur une montagne de dettes, héritées de la précédente récession, celle de 2008.

Pour éteindre l’incendie de l’époque, les Banques centrales ont noyé l’économie sous un déluge de liquidités. Les banques peuvent-elles ouvrir plus les vannes du crédit ? Difficile à imaginer. Mais si elles décident de serrer la vis, la correction sera sévère. On espère, au minimum, une coordination européenne rapide et efficace. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle se fait attendre.