Le feuilleton prend fin. L'ex-magnat d'Hollywood Harvey Weinstein a été condamné mercredi à vingt-trois ans de prison pour «viol» et «agression sexuelle». Une lourde peine pour l'ancien producteur âgé de 67 ans, équivalente «à la perpétuité», pour les avocats de l'accusé, qui ont annoncé que leur client souhaitait faire appel.
Le verdict était attendu depuis le 24 février, date à laquelle Weinstein avait été reconnu coupable. Il encourait une peine d'emprisonnement de cinq à vingt-neuf ans. Le procès s'était ouvert le 6 janvier, à New York, alors que le producteur américain était parallèlement inculpé pour deux nouvelles affaires à Los Angeles. Lors des audiences, la procureure Joan Illuzzi-Orbon n'avait pas demandé de peine précise, sollicitant du juge une sanction représentant la «gravité des crimes du condamné et son absence totale de remords».
Weinstein a été jugé pour deux chefs d'accusation sur cinq, considérés comme les moins graves : l'agression sexuelle de l'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol en 2013 de Jessica Mann, qui rêvait alors de devenir actrice. Il avait été relaxé pour les autres accusations, dont la circonstance aggravante de «comportement sexuel prédateur» pour laquelle il risquait une peine de prison de vingt-cinq ans minimum. Harvey Weinstein n'a jamais reconnu les faits et affirme que ces relations sexuelles étaient consenties.
Cas répétés de harcèlement et d’agressions sexuelles
Le dossier avait éclaté en octobre 2017, par le biais d'enquêtes publiées dans le New York Times et le New Yorker. Des femmes racontaient des cas répétés de harcèlement et d'agressions sexuelles qu'elles racontaient avoir subis de la part du producteur. Les faits s'étalaient sur une période de trente ans.
L'enquête du New York Times dévoilait notamment la manière dont Weinstein avait acheté le silence de huit victimes dont l'actrice Rose McGowan, en 1997, via un contrat à l'amiable d'un montant de 100 000 dollars. Moins de deux semaines après les révélations, Harvey Weinstein était licencié de sa propre compagnie, The Weinstein Company, et exclu de l'Académie des oscars. Un fait rarissime.
En mai 2018, sept mois après le début de l'affaire Weinstein, le procureur de Manhattan inculpait le producteur pour «viol» et «agression sexuelle». Un an plus tard, de nouvelles accusations sur des faits d'agressions sexuelles datant de 1993 étaient mises au jour, pour lesquelles il n'est pas jugé coupable.
#MeToo, hashtag viral et planétaire
L'affaire Weinstein a déclenché un séisme dans le milieu du cinéma. D'autres femmes se sont manifestées et ont dénoncé les agissements du producteur. Elles sont aujourd'hui plus de 80. Sur Twitter, l'actrice Alyssa Milano relance alors le hashtag #MeToo, initié dix ans plus tôt par la militante féministe américaine Tarana Burke. L'objectif : encourager les femmes à dénoncer des cas d'agressions sexuelles ou de harcèlement.
Très vite, le hashtag devient viral et planétaire. Parallèlement, se développe en France le mouvement #BalanceTonPorc, calqué sur son homologue anglophone. Ces hashtags entraînent la libération de la parole des femmes et finissent par englober plus largement le sexisme quotidien.
Harvey Weinstein s'est présenté mercredi comme une victime de #MeToo. «J'étais le premier exemple et maintenant, il y a des milliers d'hommes accusés», a-t-il expliqué, en se déclarant «inquiet pour ce pays». Pour le mouvement, cette victoire est un symbole.