Etat d'urgence nationale ? Non : mobilisation planétaire. Annonçant avec empathie et gravité les mesures - draconiennes à l'école - qu'il avait arrêtées pour limiter le fléau du coronavirus, Emmanuel Macron savait sans doute qu'il anticipait de peu la réaction spectaculaire des gouvernements du monde entier. Donald Trump a mis en œuvre vendredi le «Stafford Act», qui étend brusquement les pouvoirs de l'administration centrale pour combattre l'épidémie. Une myriade de pays - Grèce, Norvège, Danemark, Irlande, Iran, Canada, Turquie… - ont annoncé une batterie de mesures draconiennes, qui vont de la fermeture des frontières au confinement général de la population, en passant par les restrictions de circulation, le report des consultations électorales, le gel du commerce non essentiel, l'interdiction des rassemblements, l'annulation des compétitions sportives et des représentations artistiques, les mises en quarantaine, etc. Même mobilisation sur le plan économique : partout, les grands argentiers jettent par dessus les moulins leurs rigoureux principes, ouvrant tout grand les vannes du crédit, telle l'Allemagne, qui met en place un plan de prêt massif, inédit depuis la Seconde Guerre mondiale, pour lequel, dit le ministre des Finances, «il n'y a pas de limite vers le haut». Pour couronner le tout, l'OMS annonce qu'elle ne peut prédire quand le pic de la pandémie sera atteint. La Terre ne s'arrête pas de tourner. Mais elle cesse de vivre normalement. Les réactions politiques ? Impossibles à prévoir. Les effondristes annoncent l'effondrement, les souverainistes le retour de la souveraineté, les interventionnistes plus d'intervention, les écologistes l'avènement de la sobriété, les nationalistes le retour des nations, les Européens la nécessité de l'Europe…
Démondialisation ? A court terme, c’est l’évidence. Mais la lutte contre le virus exige aussi une coopération mondiale. Alors ? La vérité, c’est que personne n’en sait rien et que dans la sidération ambiante, chacun se prépare à l’épreuve comme il peut, tels ces Français qui cherchent d’abord une solution pour garder ou faire garder leurs enfants privés d’école. Une seule chose est sûre : le laisser-faire qui était la loi planétaire a vécu. Nous vivons le crépuscule du libéralisme.