«Les mamans en colère», «Stop à l’injustice», «Ma garde, mon droit»… sont autant de slogans déclamés régulièrement par les manifestantes et manifestants devant le Haut Conseil islamique chiite dans la banlieue sud de Beyrouth. Toutes et tous appellent à l’abrogation des lois religieuses et sectaires contre les femmes et les mères en cas de divorce au sein de la communauté chiite qui a ses propres tribunaux religieux. Les associations civiles se joignent aussi à ce combat en prônant un «état civil».
Fin février, c’est une vidéo déchirante et massivement partagée sur les réseaux sociaux d’une mère libanaise, qui a provoqué l’ire des Libanais. On y voit Lina Jaber, agenouillée devant la tombe de sa fille, morte à l’âge de 14 ans, alors que le père (son ex-mari) et la famille de ce dernier l’empêchaient de l’approcher depuis deux ans. Privée de garde, de toute visite y compris le jour de l’enterrement de son enfant, la mère éplorée hurle sa douleur dans un village du Liban-Sud quand elle parvient enfin à se recueillir devant la tombe, située dans la cour de la maison du père, deux mois plus tard.
الأم بالفيديو انحرمت من بنتها لسنتين وحتى لما ماتت البنت منعوها انها تحضر الدفن ودفنوا البنت داخل حديقتهم المسيجة لما تقدر تزورها..هالفيديو لزيارة الأم الأولى لقبر بنتها بعد ٦٢ يوم!#حضانتي_ضد_المحكمة_الجعفرية #ثورتنا_نسوية ومستمرة لتسقط عروشكم ويسقط قهركم ويسقط ظلمكم.. #لبنان pic.twitter.com/URePKyyIVx
— Hayat Mirshad (@HayatMirshad) February 25, 2020
Parmi les revendications des mères qui mettent en avant le bien-être de l’enfant : le droit à une garde alternée des deux parents jusqu’à l’âge de 18 ans. Selon le code du statut personnel chiite, le garçon a le droit de choisir le parent avec lequel il désire vivre à l’âge de 14 ans et la fille, dès 9 ans. Entre-temps, c’est le père qui est nettement favorisé pour la garde des enfants.
Lors de ces sit-ins devant le siège du fameux Conseil, certaines manifestantes s’enduisent de peinture rouge pour symboliser le sang de femmes, victimes de violences conjugales ou de féminicides. Tout en dénonçant l’impunité de ces crimes via ce genre d’acte symbolique, elles fustigent l’arsenal judiciaire fondé sur la jurisprudence religieuse qui incite de nombreuses Libanaises à rester sous la coupe de leur conjoint de peur de perdre leurs enfants. Au nom du patriarcat.