Parce qu'heureusement (ou malheureusement) il n'y a pas que le coronavirus dans l'actualité (quoi que…), Libération vous proposera chaque soir une sélection d'infos garanties sans Covid-19.
Le chiffre
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Joe Biden a remporté les trois Etats qui votaient mardi pour les primaires démocrates. Des succès incontestables. L'ancien vice-président de Barack Obama a gagné la Floride (62% contre 23%), plus gros pourvoyeur de délégués de la soirée, l'Illinois (60% contre 36%), et l'Arizona (43% contre 30%). Sur les 1 911 délégués nécessaires pour être envoyé au feu contre Trump en novembre, il en compte désormais 1 211, exactement 300 de plus que Bernie Sanders, alors qu'il en reste 42% à désigner. «Nous faisons un pas de plus vers la nomination du parti démocrate», a affirmé Joe Biden, qui s'est exprimé sobrement depuis sa maison de Wilmington (Delaware), après avoir consacré une bonne partie de son discours à évoquer la crise sanitaire et économique actuelle. Comme lors de ses précédentes victoires, l'ancien vice-président a tendu la main à son rival Sanders, 78 ans, et à ses supporteurs, notamment les jeunes progressistes, qui plébiscitent le socialiste et ses propositions de réformes (couverture santé universelle et publique, salaire minimum, plan ambitieux de lutte contre le changement climatique, etc.) «Aux jeunes électeurs qui ont été inspirés par le sénateur Sanders, je veux dire : je vous entends, je sais ce qui est en jeu», a déclaré Biden.
Sanders, lui, a accusé le coup après cette nouvelle claque. «La prochaine primaire est au moins dans trois semaines [certaines ayant été repoussées pour cause de pandémie, ndlr], a déclaré son chef de campagne, Faiz Shakir au Washington Post. Le sénateur Sanders va parler avec ses partisans pour évaluer sa campagne. Dans l'immédiat, toutefois, il se concentre sur la réponse à apporter de la part des autorités à l'épidémie de coronavirus et à s'assurer que nous prenions soin des travailleurs et des plus vulnérables.»
[ L’analyse de notre correspondante aux Etats-Unis, Isabelle Hanne. ]
[ «Qui face à Trump?», notre rendez-vous hebdomadaire sur la campagne présidentielle aux Etats-Unis. ]
La bonne idée
Un quartier 100% sans voiture à Utrecht
Des zones sans voitures existent déjà dans le monde, mais la municipalité néerlandaise décide de passer au stade supérieur et de justifier son titre de capitale européenne du vélo, en imaginant, en plein centre-ville, un quartier résidentiel de 12 000 personnes sur 24 hectares sans la moindre voiture. Entre le vélo et Utrecht, c'est une vieille histoire. C'est là que fut aménagée la première voie cyclable, en 1885, et que fut inauguré l'an dernier le plus grand parking-boutique-atelier de réparation uniquement dédié au vélo du monde avec une capacité de 12 500 places.
La construction des premiers logements du quartier Merwed devrait démarrer en 2022. Deux écoles primaires, un lycée, un centre de santé, une salle de sport, des boutiques et des bureaux sont prévus dans cette zone qui ne sera accessible qu’à vélo et en tram.
La phrase
«Il n’y a pas de gagnants dans l’utilisation de journalistes comme des pions par les diplomaties des deux principales puissances économiques du monde.»
Club des correspondants étrangers en Chine
Pendant la pandémie, les guerres picrocholines continuent entre les Etats-Unis et la Chine. Avec les journalistes en guise de munition. Les correspondants américains à Pékin des quotidiens New York Times, Washington Post et Wall Street Journal ont reçu mercredi un délai de dix jours pour rendre leur carte de presse. De fait, ils sont expulsés du pays. Selon le Club des correspondants étrangers en Chine (FCCC), au moins 13 reporters sont concernés par cette mesure. Trois journalistes du Wall Street Journal avaient déjà été expulsés fin février mais la nouvelle vague de sanctions, par son ampleur, constitue la mesure la plus draconienne jamais prise par les autorités chinoises contre les médias étrangers.
Selon la diplomatie chinoise, il s'agit d'une réponse à la décision «scandaleuse» de Washington de réduire fortement le nombre de Chinois autorisés à travailler pour cinq médias de Pékin aux Etats-Unis. «Ce n'est pas du tout la même chose», a protesté le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, estimant que la mesure de Washington visait des «membres des organes de propagande chinoise». «Les journalistes éclairent le monde dans lequel nous vivons. Par cette mesure, la Chine s'obscurcit d'elle-même», regrette le FCCC.
L’histoire (triste)
A l’aéroport d’Istanbul, «on m’a emballé dans du film plastique, comme une valise»
Alors qu'il se rendait à Dubaï, un commerçant camerounais a été détenu et torturé pendant une semaine dans l'aéroport turc. Les vidéos de la police aux frontières tentant de le rapatrier emballé dans du plastique ont suscité l'indignation de tout le continent africain. Libération l'a rencontré.
La femme du jour
Peine alourdie pour Goulnara Karimova
Aux rayons népotisme, corruption, détournements de fonds, biens mal acquis, etc. la famille Karimov, du nom de l'ancien despote de l'Ouzbekistan Islam Karimov, disparu en 2016, figure en bonne place au palmarès de la carambouille XXL. Et le père pouvait être fier de sa fille Goulnara, aujourd'hui âgée de 47 ans, longtemps toute-puissante dans l'ombre de son géniteur, jusqu'à sa condamnation, en 2017 à dix ans de prison pour des fraudes, des détournements et le recel de devises étrangères atteignant des sommes gigantesques. Cette peine a été alourdie à treize ans et quatre mois de prison mercredi lors d'une audience à huis clos à Tachkent, la capitale, a annoncé la Cour suprême. Goulnara Karimova était citée dans des procès, ouverts en décembre dernier à Paris à côté d'autres infréquentables comme Rifaat al-Assad et Teodorin Obiang Jr, les familles Bongo au Gabon et Sassou-Nguesso au Congo, tous suspectés d'être propriétaires de «biens mal acquis» payés avec de l'argent public détourné. Les turpitudes de la famille Karimov sont à lire ici.
La justice ouzbek accuse la fille d'avoir fait partie d'un «groupe criminel» contrôlant des actifs dans douze pays, dont des propriétés à Londres, Dubaï, un château près de Paris ou encore une villa sur la Côte d'Azur. Un temps pressentie pour prendre la succession de son père à la tête du pays, Goulnara Karimova était tombée en disgrâce après l'avoir comparé à Staline et s'être publiquement attaquée à sa mère et à sa sœur. A noter que notre Gégé Depardieu national s'est compromis plusieurs fois avec la famille Karimov et particulièrement Goulnara, femme aux talents multiples puisqu'elle était chanteuse-diplomate-femme d'affaires-créatrice de vêtements et bijoux. De leur collaboration est notamment né ce clip (sur des paroles de l'intéressée). Attention, ça pique les yeux et les oreilles.