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TRIBUNE

Structuralisme et politique, les cas Bernie Sanders et Elizabeth Warren

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Cet outil philosophique nous aide-t-il à analyser les caractères et qualités des candidats démocrates à la course présidentielle américaine ?
Les candidats Sanders et Warren, à North Charleston, en Caroline du Sud, le 26 février. (Photo Randall Hill. Reuters)
par Laurent Binet
publié le 18 mars 2020 à 18h26

Tribune. Le structuralisme a ceci de supérieur au journalisme politique que là où celui-ci voit des hommes, celui-là voit des fonctions. Cela, en effet, présente l'immense avantage de nous éviter tout un tas de considérations psychologiques stériles et apolitiques. Peu importe, à hauteur de structures, que tel ou tel candidat soit trop mou, trop dur, jeune, beau, homme, femme, bon danseur, trop jeune ou trop vieux, et même noir ou blanc. «Une élection présidentielle est la rencontre d'un homme et d'un peuple» ? Voilà le genre de niaiserie que le structuralisme nous épargne car lui ne prend que deux éléments en considération : des invariants et des combinatoires.

Cela permet de dégager un certain nombre de règles intangibles, par exemple celle-ci : toute structure politique qui menace d’une façon ou d’une autre les intérêts du capital (et au-delà, tout système de domination, comme nous l’ont montré Adèle Haenel et Florence Foresti à leurs dépens) sera invariablement taxée d’antisémitisme. Gilets jaunes, Corbyn, Mélenchon, Sanders… Wait. Sanders ? De toutes les attaques qu’il aura subies, celle-là est de loin la plus absurde (puisque Sanders, s’il était élu, deviendrait le premier président juif des Etats-Unis) mais sans doute aussi la plus révélatrice.

L'accusation d'antisémitisme est l'une des cartes les plus jouées par les défenseurs du néolibéralisme, et peu importe que, dans le cas de Sanders, elle le soit en dépit du bon sens. Elle fait juste part