Menu
Libération
Vu de Stockholm

Covid-19 : la Suède prend son temps

Article réservé aux abonnés
Les écoles primaires, les commerces et les bars sont encore ouverts. Pourtant, les lits en soins intensifs sont peu nombreux. La stratégie suédoise, assez unique, divise le pays.
La place Stortorget à Malmö, en Suède mercredi. (Johan Nilsson/Photo Johan Nilsson. AP)
publié le 19 mars 2020 à 11h09

«Chaque chose en son temps» : telle est la réponse de la Suède dans la lutte contre le coronavirus. Les rassemblements de plus de 500 personnes y sont désormais interdits, les universités et lycées fermés et le télétravail encouragé, mais le moment ne serait pas encore venu de fermer. Une stratégie unique, orchestrée par un ancien anonyme aux lèvres duquel le pays est désormais suspendu : Anders Tegnell, épidémiologiste en chef au sein de l’Agence de santé publique suédoise.

L'omniprésence de cet expert, dont les recommandations sont suivies à la lettre par le gouvernement, symbolise une première spécificité du système suédois. «Traditionnellement en Suède, les politiques se fient davantage à l'expertise scientifique qu'à une forme de rhétorique politique guerrière, en partie car nous n'avons pas eu de guerre depuis 200 ans», explique Johan von Schreeb, à la tête du centre de recherche sur la santé en temps de catastrophes à l'Institut Karolinska. Alors que le Danemark a par exemple fermé ses frontières, bien que ses experts considéraient la mesure inutile, de telles décisions politiques sont donc exclues en Suède.

«Nous n’avons jamais préconisé une immunisation de masse»

Anders Tegnell s'est prononcé plusieurs fois en faveur de la stratégie d'«immunisation de masse», prônée un temps par le Royaume-Uni mais critiquée par de nombreux experts, dont ceux de l'OMS, car trop risquée. Cette strat