A dix minutes en voiture de la frontière syrienne, le village de Saadnayel est anormalement désert. Dans cette bourgade libanaise encerclée de camps informels, plus de la moitié de la population est réfugiée. Les routes goudronnées à la va-vite, où déambulent d’ordinaire, à pied ou à mobylette, les déplacés de retour des champs, sont vides. Les travaux agricoles, un des rares secteurs dans lesquels les Syriens sont autorisés à travailler, ont complètement cessé dans le pays qui a décrété à son tour il y a dix jours le confinement total de sa population. Au Liban, 163 personnes infectées et 4 décès ont été recensés.
Pièce unique
Dans la cour de l'ONG libanaise Beyond, où grouille d'habitude une foule d'enfants, deux employés, le visage à moitié caché par un masque de protection bleu clair, sont postés derrière une table jonchée de matériel de prévention. Venues d'un des camps voisins, deux femmes en abaya noire s'avancent vers eux. «Voici les mesures de précaution. Il faut que vous vous laviez les mains plusieurs fois dans la journée», insiste un des employés en leur tendant d'une main gantée une liasse de flyers de l'Organisation mondiale de la santé. «Oui ça, on le sait déjà !» lui rétorque l'une d'entre elles, dans un sourire éclairant des joues plissées de rides. Ces Syriennes viennent récupérer savonnettes, gels désinfectants et guides explicatifs.