Un seul exemple pour montrer l’efficacité du confinement total doublé d’un dépistage systématique du Covid-19 ? Vo’Euganeo. La première victime italienne du coronavirus était originaire de ce bourg de la province de Padoue en Vénétie. Agé de 78 ans, Adriano Trevisan s’est éteint le soir du 21 janvier dans un hôpital proche de Padoue. Ce maçon à la retraite est le premier mort du coronavirus en Europe. Deux jours plus tard, les 3 300 habitants de Vo’Euganeo sont mis en quarantaine, confinés dans une zone rouge, comparable à celle qui se mettait en place autour de dix autres communes.
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La mort d’Adriano Trevisan puis les chiffres qui grandissaient de manière exponentielle en Lombardie voisine ont poussé Rome à prendre alors les premières mesures radicales dans ces foyers épidémiques, dans l’espoir de freiner la maladie. Certes, un peu partout dans les communes confinées du nord de l’Italie, des tests de dépistage sont réalisés dès les premiers jours de l’apparition du Covid-19. Mais à Vo’Euganeo, le test est obligatoire. Dès les premiers jours qui suivent la mise en quarantaine, pas une seule personne n’a pu s’y soustraire. A Vo’ et ailleurs, certains médecins jugent alors la mesure exagérée. D’autres n’hésitent pas à remettre en cause une supposée efficacité. Qu’importe. Avec le soutien et l’accord des autorités vénitiennes, les élus décident de tester tous les habitants du bourg.
Dépistage
Il y a une semaine, lors d'une conférence de presse, le président de la région de Vénétie, Luca Zaia, expliquait les raisons de ce succès : «A Vo', nous avons testé tout le monde et désormais, Vo' est l'endroit le plus sain d'Italie. C'est bien la preuve que le système des tests fonctionne.» La population sera même soumise une seconde fois au fameux test. Près d'un mois après le début du confinement de Vo', le reflux a commencé depuis une semaine. Fin février, lors de la première série de tests, la commune comptait 88 personnes porteuses du virus, et plus de la moitié - dont de nombreux jeunes - ne présentait aucuns symptômes de la maladie. Toutes ont été isolées pendant quatorze jours. Depuis six jours, plus un seul cas de contagion n'y a été enregistré. Et sur les 88 personnes porteuses du Covid-19 et placées à l'isolement, seules 7 sont encore malades.
Aujourd’hui, ce bourg du nord de l’Italie semble être sorti d’affaire. A l’instar de Luca Zaia, nombre de responsables politiques de la région plaident aujourd’hui pour qu’un grand plan de dépistage soit réalisé à l’échelle de la région. Le cas de Vo’ est d’autant plus intéressant que les délais de guérison des malades ont été rapides. Dix jours en moyenne selon les déclarations du professeur Sergio Romagnani, virologue à la faculté de Florence.
Modèle
Laboratoire à ciel ouvert, Vo' confirme que la voie sud-coréenne alliant un usage systématique des tests et des confinements est la plus efficace. La Corée du Sud est le premier pays à avoir été touché massivement après la Chine, et pourtant elle a réussi à contenir le coronavirus sans même avoir eu à confiner sa population. Pour faire face à l'épidémie grandissante dans le pays, les autorités ont utilisé tous les moyens technologiques à leur disposition pour repérer les gens au stade précoce de la maladie. Plus de 250 000 tests ont été réalisés sur toutes les personnes qui présentent des symptômes de la maladie. Le cas Vo'Euganeo est lui aussi considéré comme un modèle. «L'isolement de ces personnes a été essentiel pour réussir à contrôler la diffusion du virus, insiste le professeur Sergio Romagnani. Car elles étaient une formidable source de contagion.»