D’un confinement l’autre. Arnauld Miguet, le correspondant de France Télévisions en Chine, est dans sa chambre d’hôtel à Wuhan, devant son ordinateur, sur Skype. Il porte beau avec sa chemise blanche immaculée de reporter télégénique de guerre sanitaire. Derrière lui, on n’aperçoit que les longs rideaux entrouverts de sa fenêtre, et la nuit. Il est presque 2 heures du matin, là-bas. Nous, on est dans notre appartement, à Paris, confiné aussi, avec nos ficus.
Lorsqu'on a commencé à suivre passionnément les aventures de Miguet, il venait d'arriver à Wuhan. Au moment de la fermeture de la ville, c'est l'un des rares journalistes occidentaux, et le seul Français, à avoir décidé de rester avec son preneur d'images Gaël Caron. Depuis, il alerte sur Twitter et dans les journaux télé, sobrement, précis et le plus exhaustif possible, mais un peu inquiet quand même, entre deux photos mignonnes avec un chat des rues (presque) adopté. On s'était dit : «Chouette, bonne histoire, son témoignage est précieux, il faudra faire son portrait quand il en sortira et qu'il repassera par la France.» Voilà, ça fait plus de soixante jours. Il n'est toujours pas tiré d'affaire mais voit le bout du tunnel. Désormais, c'est nous qui commençons une longue attente angoissée. Il dit, se tenant le visage : «Au départ, je suis parti le 22 janvier au matin, tranquillement, la fleur à la caméra, avec trois chemises et ma petite valise habituelle. Je revenais d'un reportage à Bali sur les maisons e