Bien souvent à Tel-Aviv, l'«Arabe du coin» n'est pas épicier mais pharmacien. Cette réalité de l'Israël moderne – celle de l'émergence d'une minorité palestinienne à la fois intégrée, surdiplômée et indispensable au fonctionnement de l'Etat – n'a jamais été aussi flagrante qu'au temps du coronavirus, coïncidant avec la montée en puissance des députés arabes, devenus faiseurs de roi à la Knesset.
Pourtant, la doxa nationale reste largement hostile aux Arabes d'Israël, cibles de la rhétorique toxique du Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, qui n'a de cesse de questionner leur loyauté, voire leur légitimité. Si «les Arabes ne font pas partie de l'équation» au Parlement, comme ce dernier l'a récemment déclaré, dans les couloirs des hôpitaux, personne n'imagine faire sans eux. En Israël, le nombre de cas dépistés a dépassé le millier, et le Covid-19 a fait sa première victime ce week-end, un octogénaire de Jérusalem qui avait survécu à la Shoah.
Abed Satel est le directeur du départe