Dans les rues d'Alexandra, un des plus anciens townships de Johannesburg, les rires d'enfants qui jouent au football perçaient encore dans les rues mardi après-midi. Des adultes discutent sur le pas de leur porte. Un mot se répète dans les conversations : «Corona.» Comme une tempête dont on ne sentirait pas encore le vent souffler mais qu'on sait arriver. Jeudi à minuit, l'Afrique du Sud est entrée en confinement strict, pour une durée minimum de trois semaines afin de tenter d'empêcher la propagation du coronavirus.
«Je suis inquiète, explique Refilwe Mosiane, une femme de ménage mère de deux enfants. Pour ma santé, celle de ma mère qui vit avec moi, mais aussi parce que je ne sais pas comment je vais nourrir ma famille ces prochaines semaines. Mon travail est notre seule source de revenus.» Avec 927 cas confirmés jeudi, l'Afrique du Sud, qui compte 60 millions d'habitants, est le pays le plus touché par le virus du Covid-19 sur le continent.
«Les prochains jours sont cruciaux. Sans action décisive, le nombre de personnes infectées passera rapidement de quelques centaines à plusieurs dizaines de milliers et, en quelques semaines, à des centaines de milliers», a déclaré le président Cyril Ramaphosa dans une allocution à la nation depuis Pretoria, la capitale administrative. Le chef de l'Etat était digne, confiant, alors que des millions de Sud-Africains avaient les yeux rivés sur leur téléviseur dans l'attente des nouvelles mesures, qu'ils