Le rêve. Appuyer sur son clavier et commander en un clic un test pour établir si on est immunisé contre le coronavirus. Une livraison à domicile en 24 heures, une petite goutte de sang sur le bout du doigt et hop, quinze minutes plus tard, le verdict et, en cas d’immunisation confirmée, la délivrance, la possibilité de reprendre un semblant de vie normale en sortant sans risquer de s’infecter ou d’infecter qui que ce soit avec le Covid-19. Le Royaume-Uni a laissé entendre qu’il touchait ce rêve du doigt, que c’était une question de jours. Mais la réalité n’est pas si simple et, s’il est en cours d’étude, ce test magique, qui n’existe nulle part au monde pour le coronavirus, n’est pas encore disponible. Et ne le sera certainement pas dans les jours à venir.
«Se tester soi-même en quinze minutes»
La nouvelle s'est pourtant répandue comme une traînée de poudre mercredi soir. Elle avait commencé à courir après une déclaration matinale du ministre britannique de la Santé, Matthew Hancock, affirmant que le gouvernement s'était rendu acquéreur de 3,5 millions de tests sur des anticorps du Covid-19 qui seraient disponibles «très bientôt». Le gouvernement s'apprêtait à en commander des millions supplémentaires, avait-il ajouté. La rumeur avait pris encore plus d'ampleur dans l'après-midi après les propos de la professeure Sharon Peacock devant un comité parlementaire. Si ces tests se révélaient efficaces, «les gens seront capables dans un avenir proche de les commander sur internet ou d'aller chez Boots [une chaîne de pharmacies, ndlr] pour se tester soi-même en quinze minutes en se piquant le doigt», avait déclaré la microbiologiste. Le test consisterait à se piquer le doigt pour en extraire une goutte de sang qui serait aussitôt analysée par l'instrument, qui ressemblerait à un test de grossesse. «Il s'agit de produits complètement nouveaux. Nous devons nous assurer qu'ils marchent aussi bien qu'ils sont supposés marcher», avait ajouté Sharon Peacock, avant d'insister sur le fait que ces tests pourraient être disponibles dans «les jours à venir».
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Seulement voilà, dès mercredi soir, le conseiller médical en chef du gouvernement, le professeur Chris Whitty, tentait de calmer l'emballement. «Je ne pense pas, et je veux être très clair, qu'il s'agit de quelque chose que nous pourrons commander sur internet dans un avenir proche», déclarait-il lors d'une conférence de presse. D'abord parce que ce test n'a pas encore été totalement homologué, le test est en train d'être testé, pour éviter toute approximation dans le diagnostic. «Il existe une chose pire que pas de test, c'est un mauvais test», expliquait-il.
Test en priorité destiné au personnel de santé
Le test en question ne permet pas d’établir un diagnostic de Covid-19. Il détecte des anticorps que le corps aurait fabriqués après avoir été atteint du coronavirus. Le risque est d’obtenir un faux résultat, par exemple si l’exposition au virus a été trop légère pour entraîner la fabrication suffisante d’anticorps. Mais si ce test se révélait efficace et était mis en circulation, il serait avant tout et en priorité destiné au personnel de santé, a précisé le professeur Whitty. A l’heure actuelle, médecins, infirmiers et aides soignants ne sont pas testés. Les seuls tests réalisés pour le coronavirus, par des prélèvements dans le nez et la bouche, le sont sur des personnes hospitalisées et dans un état jugé sérieux.
La mise sur le marché d’un tel test sur les anticorps permettrait au personnel médical de savoir s’il est immunisé et s’il peut retourner travailler sans danger. Ce qui se révélerait un instrument précieux pour lutter contre l’épidémie. Mi-mars, la secrétaire d’Etat à la Santé Jeane Freeman avait estimé qu’au plus fort de l’épidémie, quelque 30 % du personnel travaillant pour le National Health Service (NHS), le service de santé publique, pourraient manquer à l’appel à cause du Covid-19.