Rien ne semble pouvoir les arrêter. Ni les pulvérisateurs des soldats ougandais, ni les bruits de casserole des paysans pakistanais, ni les fusils automatiques des islamistes Shebabs somaliens. L'invasion géante de criquets pèlerins, dévoreurs de culture, a atteint cette année une telle ampleur qu'elle «représente une menace sans précédent pour la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance au début de la prochaine campagne agricole», alerte l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) dans son dernier bulletin.
Partis de la péninsule Arabique, les orthoptères ont gagné la Corne de l'Afrique à la fin de l'été dernier, avant de s'enfoncer à l'intérieur du continent, pénétrant à l'automne le Soudan du Sud, l'Ouganda, le Kenya et jusqu'à la Tanzanie et la république démocratique du Congo en février. Les Congolais n'avaient pas vu de criquet pèlerin sur leur sol depuis 1944. En direction de l'orient, les nuages de ravageurs se sont abattus sur la province du Pendjab, le grenier à céréales du Pakistan. Là aussi, l'invasion est «la pire depuis près de trente ans», affirme la FAO.
Pourquoi ce fléau – un phénomène récurrent, vieux comme les plaies d'Egypte de l'Ancien Te