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Libération
Covid-19

En Espagne, retard à l’allumage et dispositifs défectueux

Le gouvernement socialiste a acheté des centaines de milliers de tests inadaptés à une entreprise chinoise.
A Madrid, le 23 mars. (Photo Susana Vera. Reuters)
publié le 29 mars 2020 à 18h51

La semaine dernière, lorsque le directeur de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a lancé un nouvel appel aux Etats, les enjoignant de procéder au plus grand nombre de dépistages possible auprès des populations à risques, l'Espagne faisait partie des pays les moins réactifs. Le week-end dernier, pas plus de 30 000 tests avaient été réalisés, à en croire le ministre de la Santé, Salvador Illa. «On s'y est pris tard et mal», résume le chef du département de microbiologie de l'hôpital madrilène du Ramón y Cajal, Rafael Cantón. Lorsqu'à la mi-mars, lui et d'autres de ses homologues, dans le pays, avaient voulu y recourir, il n'y avait, selon eux, ni volonté politique ni capacité logistique, ni moyens de distribution.

Cris d’orfraie

Depuis, alors que l’Espagne est l’un des pays les plus touchés par le Covid-19 (6 528 morts et plus de 78 000 cas, chiffres que beaucoup estiment sous-évalués), on tente de rattraper comme on peut le retard. L’une des préoccupations majeures, outre les décès qui se succèdent dans les centres hospitaliers, et surtout dans les maisons de retraite et les Ehpad, tient dans l’importante proportion du personnel soignant touché par le virus (16 % du nombre total d’infectés, record mondial). Le Csif (Centrale syndicale indépendante des fonctionnaires dans ce secteur) dénonce le fait que beaucoup de soignants sont mal et peu protégés, et presque jamais dépistés. Le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez tente de rattraper le temps perdu, mais a commencé à le faire de la pire des façons, provoquant les cris d’orfraie de l’opposition conservatrice.

Sensibilité

Les 340 000 tests rapides achetés au fournisseur chinois Shenzhen Easy Biotechnology se sont révélés défectueux, car leur sensibilité n’était que de 30 % au lieu des 80 % requis. Après avoir fait 8 000 essais non probants, Madrid a renvoyé les premiers 58 000 kits à l’entreprise de Shenzhen qui, de l’aveu même de l’ambassade de Chine en Espagne, a certes l’autorisation de commercialiser ses produits, mais n’est pas agréée auprès des autorités compétentes sur place. Embarrassé, le ministre espagnol de la Santé a confirmé une nouvelle commande et l’achat de 5 millions de tests rapides. Ceux-ci devraient arriver d’ici fin avril.