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Covid-19

OMS : un premier rôle sapé par le «chacun pour soi»

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Critiquée pour sa réaction tardive dans cette crise d’ampleur inédite, l’Organisation mondiale de la santé peine à faire appliquer ses injonctions, non contraignantes, et à s’élever face aux égoïsmes nationaux.
Retransmission de la vidéoconférence de presse du directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le 17 mars à Bruxelles. (Photo picture alliance. Photoshot)
publié le 30 mars 2020 à 19h46

Se laver les mains, maintenir la distance sociale, et surtout «tester, tester, tester». Ils sont trois, tous les jours à 17 h 30, à deux mètres l'un de l'autre, alignés derrière un pupitre au fond d'une très longue salle de réunion désertée, car interdite d'accès. Il y a là le directeur général, l'Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, patron de l'institution depuis trois ans, flanqué de l'Irlandais Michael Ryan, directeur exécutif pour les situations d'urgence sanitaire et vétéran tout-terrain des crises virologiques, et de l'épidémiologiste américaine Maria Van Kerkhove, directrice technique du programme d'urgence. A trois, ils serinent les mêmes injonctions à 300 journalistes de partout dans le monde, scotchés en visioconférence. Bienvenue au point presse virtuel de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), seul moyen désormais pour accéder aux responsables de l'agence onusienne, au cœur de la plus grave crise sanitaire mondiale depuis la grippe espagnole de 1918-1919.

Le Covid-19 est le grand moment de cette organisation multilatérale forte de 194 membres, dont le quartier général, isolé sur les hauteurs de Genève, a des allures de paquebot bétonné en quarantaine. Jamais, depuis sa fondation le 7 avril 1948, l’OMS n’avait eu à affronter une pandémie simultanée sur la totalité des continents. Jamais elle n’avait eu l’occasion d’affirmer son leadership sur les questions de santé globale comme aujourd’hui. Et pourtant, elle peine à se faire entendre, encore davantag