La vue à la sortie du centre de conférences ExCel, dans les Docklands de l'est de Londres, est surprenante. Un téléphérique traverse la Tamise pour rejoindre, au sud, le quartier de Greenwich. Ses cabines se balancent dans le vide, vides. Par temps de coronavirus comme le reste du temps. Ce projet lancé en fanfare par Boris Johnson lorsqu'il était maire de Londres, et ouvert juste avant les Jeux olympiques de 2012, offre une vue magnifique sur la Tamise. Destiné aux Londoniens travaillant et vivant entre le nord et le sud de la capitale, le téléphérique n'a pourtant jamais attiré grand monde, si ce n'est quelques touristes qui s'offrent la traversée pour environ 10 euros l'aller-retour.
La vue à l'intérieur du centre de conférences ExCel est extraordinaire. En une semaine, les deux immenses halls ont été transformés en un hôpital de campagne qui, à terme, devrait avoir la capacité d'accueillir 4 000 patients infectés par le Covid-19. L'hôpital, baptisé le Nightingale London Hospital – la Britannique Florence Nightingale (1820-1910) est considérée comme une pionnière de l'infirmerie moderne et de l'utilisation des statistiques dans le domaine de la santé – devrait ouvrir ses portes à la fin de la semaine avec 500 lits prêts pour commencer, pour probablement 42 patients.
Si nécessaire, l'hôpital pourrait en moins de deux semaines étendre sa capacité d'accueil à 4 000 lits. Les premiers patients devraient être les «moins atteints», à savoir déjà en soins intensifs et aidés par des respirateurs artificiels, mais ne souffrant pas de pathologies antérieures qui multiplient les risques.
Une base pour le transfert des malades
L'armée britannique a mobilisé 200 soldats pour assembler et monter ces rangs et ces rangs de lits, séparés par des rideaux. Le projet a été approuvé le 21 mars. Divisé en 80 salles de 42 lits chacune, cet hôpital pourrait bien devenir à terme «l'un des plus grands hôpitaux de campagne du monde», a précisé Natalie Forrest, sa directrice générale. Les hôtels alentour accueilleront le personnel de santé qui le souhaite.
Le London City Airport, l’aéroport privilégié par les financiers de la City toute proche, est fermé au trafic depuis une semaine. Situé à cinq minutes du centre de conférences, ses pistes et son infrastructure pourraient servir de base pour le transfert des malades depuis tout le Royaume-Uni, même si un bon tiers des malades hospitalisés le sont à Londres. Mercredi, environ 10 800 personnes étaient hospitalisées, uniquement en Angleterre.
Des soignants sous tension
Ces médecins et infirmiers sont soit malades, soit confinés parce qu’un de leurs proches est malade et qu’ils n’ont pas été testés pour savoir s’ils étaient immunisés. Pour le moment, seuls les patients hospitalisés et dans un état grave sont testés. Et la polémique grimpe chaque jour sur le retard pris pour tester les professionnels de santé. Quelque 20 000 infirmières et médecins retraités ont répondu à l’appel du NHS pour reprendre du service.
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D’autres hôpitaux de campagne dans des centres de conférences, à Birmingham, Manchester et Glasgow, sont en cours d’aménagement. L’idée est de pouvoir faire face à un éventuel pic des admissions alors que le Royaume-Uni ne dispose en temps normal que d’un nombre limité de lits en soins intensifs. Début mars, le NHS en comptait environ 4 000, dont quatre sur cinq étaient occupés, alors qu’environ 8 000 respirateurs sont utilisés.