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Libération

Au Mexique, les domestiques confinées chez leurs employeurs

publié le 3 avril 2020 à 20h11

Confinés avec la bonne. Certains Mexicains, parmi les plus privilégiés, ne veulent pas renoncer à leur domestique en cette période d’épidémie de Covid où les citoyens sont censés rester chez eux. Précaires, mal considérées, une grande partie des 2,4 millions d’employées de maison, dont 300 000 rien que dans la capitale Mexico, ont continué à travailler. Et si beaucoup sont confinées, ce n’est donc pas chez elles.

Marcelina Bautista, présidente du syndicat des employées de maison, soupire au bout du fil en énumérant les actions arbitraires des riches familles mexicaines. «On a reçu plusieurs plaintes d'employées mises à la porte, parfois après vingt ou trente ans au service d'une même famille, parce qu'elles ne voulaient pas rester enfermées avec ces gens.» Pour lesquels il n'est pas question d'empoigner un balai, de laver du linge ou de se faire à manger… des tâches dévolues à leur muchacha («bonne»).

Bautista affirme que ses pairs en voient «de toutes les couleurs». Il y a celles qui sont enfermées contre leur volonté et ne peuvent pas disposer de leur jour hebdomadaire de repos pour s'occuper de leur propre famille. Celles qui sont renvoyées chez elles sans paie «parce que l'employeur prétexte qu'il ne perçoit plus son salaire». Et puis celles à qui l'on ordonne d'astiquer plusieurs fois par jour toutes les surfaces. «Beaucoup de Mexicains considèrent leur domestique comme un membre de la famille», explique le sociologue Roberto Zedillo. Malgré les réformes récentes qui obligent les employeurs à les engager sous contrat et à les affilier à la sécurité sociale, une infime minorité d'entre elles osent revendiquer ces droits, par crainte de perdre leur travail.