Les prisons brésiliennes ? Des «cachots médiévaux», avait lâché en 2015 le ministre de la Justice de Dilma Rousseff, José Eduardo Cardozo. Un baril de poudre. Et demain, peut-être, des «chambres à gaz», selon un membre de la Defensoria Pública, une institution d'Etat assurant une assistance juridique gratuite. Pour l'heure, un seul des 74 cas suspects de Covid-19 en milieu carcéral a été confirmé. Mais le surpeuplement et l'insalubrité extrêmes font craindre le pire. La population carcérale (la troisième au monde en chiffres absolus), qui a presque doublé en quinze ans, est de 773 000 prisonniers, pour seulement… 461 000 places.
«Tuberculose»
«Il n'y a pas moins de huit détenus par cellule, parfois davantage, dénonce Marina Dias Werneck, directrice de l'Institut pour le droit à la défense (IDDD), qui milite pour la désincarcération. Faire de la distanciation sociale et prendre des mesures d'hygiène est impraticable. Surpeuplées, les prisons sont aussi mal aérées, et bien souvent l'eau courante n'est disponible qu'une fois par jour. Il faut d'urgence les désengorger.» C'est désormais une recommandation officielle du Conseil national de justice (CNJ) pour prévenir la propagation du virus. «C'est un enjeu humanitaire vu l'aspect particulièrement dysfonctionnel de notre système pénitentiaire, renchérit Juliana Belloque, dirigeante de la Defensoria Pública pour l'Etat de São Paulo. Le risque d'avoir un grand