Coincé entre les quatre murs de sa chambre, Antoine (1) est en proie au doute. Fin mars, l'homme de 31 ans, membre d'une grande institution humanitaire, revient de vacances. A la sortie de l'avion, il est placé en quarantaine au siège régional de son organisation, dans une capitale d'Afrique de l'Ouest. Impossible de rejoindre sa mission, à 300 kilomètres de là, avant quinze jours. Entre-temps, l'épidémie de coronavirus continue de gagner du terrain partout. Le pays où il se trouve ferme à son tour ses gares routières, ses aéroports, puis ses frontières. Antoine envisage un retour en France mais n'arrive pas à se décider. «Si je repars en mission, soupèse-t-il, je risque d'être confiné dans une ville déjà difficile à vivre en temps normal, sans pouvoir être rapatrié si la situation empire. Si je m'en vais, je laisse mes collègues en plan et j'abandonne ma mission.» En attendant, l'étau se resserre, les derniers vols de l'ambassade quittent le tarmac. «Je me sens perdu», confie-t-il. Partir ou rester ? Rentrer auprès des siens ou tenir son poste ?
Comme Antoine, de nombreux humanitaires expatriés affrontent ce dilemme, confrontés à une situation encore inimaginable il y a peu. La crise sanitaire, mondiale, heurte de plein fouet les pays du Nord, ceux-là mêmes qui pilotent en grande partie l'aide d'urgence. Pour les ONG et les agences internationales, la tâche n'est pas facile. Prises en tenailles entre le devoir de protéger leurs troupes et l'obligat