«S'il vous plaît n'entrez pas, à cause du coronavirus.» L'ordre s'étale à la bombe blanche sur une pancarte noire. Sur fond de désert rouge, les trois hommes qui l'encadrent vous pointent du doigt. La photo postée sur Facebook est claire : la ville la plus reculée d'Australie, Kiwirrkurra, est désormais fermée. Depuis le 26 mars, les communautés largement aborigènes de l'arrière-pays sont placées sous cordon sanitaire.
Sur ordre du gouvernement, autorisé à prendre des mesures d'exception en vertu d'une loi sur la biosécurité de 2015, personne, à l'exception des personnels essentiels (eau, électricité, alimentation, soins…) ne peut pénétrer dans ces remote towns («villes reculées») sans quarantaine préalable. Les contrevenants encourent jusqu'à 50 000 dollars australiens d'amende (environ 29 300 euros). La police fédérale, appelée en renfort le 2 avril, est censée veiller à faire appliquer la règle. Un budget de 123 millions de dollars australiens a été débloqué pour les Aborigènes et insulaires du détroit de Torrès, soit 0,09 % des 130 milliards que l'Australie dépensera pour faire face au Covid-19. Des mesu