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Libération
Reportage

Dépistage à Jérusalem-Est : «Il aura fallu saisir la Cour suprême»

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Dans les quartiers relégués de l’autre côté du mur de séparation, la lutte contre le Covid-19 se double d’une bataille politique entre Israël et l’Autorité palestinienne.
Point de dépistage du Covid-19, à l’entrée du camp de réfugiés palestiniens de Shuafat, à Jérusalem-Est, dimanche. (Photo Amnon Gutman pour Libération)
publié le 21 avril 2020 à 20h16

La scène fait désormais partie du quotidien épidémique. Tentes, hommes en combinaison étanche, ambulances et patients à qui l’on enfonce profondément une tige dans le nez. On peut même faire le test sans avoir à sortir de sa voiture, en mode «drive». Ce qui change, c’est le décor : les dominos de béton et les miradors calcinés, à la taille ridiculisée par les immeubles juste derrière, bambous urbains qui auraient poussé hors de contrôle. Ce poste de dépistage du coronavirus se trouve à l’entrée du camp de réfugiés palestiniens de Shuafat, qu’Israël a relégué de l’autre côté du mur de séparation, mais considère dans les limites de la municipalité de Jérusalem. Du point de vue du droit international, à l’instar du reste de Jérusalem-Est, Shuafat fait partie des Territoires occupés. Mais la réalité a des contours flous, désignés par une lettre : «zone C». L’Autorité palestinienne («Sulta», en arabe), sise à Ramallah, n’a pas le droit d’y opérer, mais la police israélienne y songe à deux fois avant d’y mettre les pieds. Pour les 150 000 Palestiniens qui vivent de l’autre côté du mur dans cet entre-deux qui a tout de l’angle mort, la municipalité de Jérusalem n’est qu’un vague concept, par delà le checkpoint.

«Depuis 2007 [date de la construction du mur à cet endroit, ndlr], cette zone a été peu à peu abandonnée par toute forme d'autorité, assure Kamel Jabarin, habitant de Shuafat et bénévole de l'association arabo-juive Kulna Jérusalem («nous sommes