Menu
Libération
Interview

«Des Brésiliens meurent chez eux ou à la porte des hôpitaux par manque de lits»

Article réservé aux abonnés
Le professeur Edison Bueno, de la faculté de médecine de Campinas, revient sur la crise sanitaire liée au Covid-19 au Brésil, sur fond de disparités abyssales, de manques criant de tests et de blocage politique.
Des cercueils prêts à être enterrés dans de nouvelles tombes à Manaus, le 21 avril. (Photo Michael Dantas. AFP)
par Chantal Rayes, correspondante à São Paulo
publié le 26 avril 2020 à 16h52

Le Covid-19 progresse impitoyablement au Brésil. Le nombre de morts double désormais tous les cinq jours. Ce samedi, le bilan officiel, largement sous-estimé, s’établissait à 4 016 décès pour 58 509 cas confirmés. Principal foyer de la pandémie, l’Etat de São Paulo concentre plus de 40% de ces décès, sans compter ceux découlant de cas suspects non dépistés. Le virus se montre particulièrement létal dans les franges de la ville éponyme, la plus grande du pays. São Paulo creusant 13 000 tombes pour enterrer ses morts, l’image a frappé les esprits. Même chose à Manaus, la grande ville d’Amazonie, où la moyenne quotidienne d’inhumations a triplé. Car le virus que certains disent saisonnier se propage vers le Nord et le Nordeste, au mépris des températures élevées. Mais aussi dans un arrière-pays pauvre en capacités hospitalières.

Les 48 848 lits en soins intensifs (soit 20 pour 100 000 habitants, dans la moyenne de ce qui est recommandé par l'OMS) que compte le Brésil sont fort mal distribués. La moitié se trouve dans les hôpitaux privés où se soignent moins du quart des 210 millions de Brésiliens. Et l'autre moitié, dans les hôpitaux publics. Le professeur Edison Bueno dirige le département de santé publique de la faculté des sciences médicales de l'université de Campinas (Etat de São Paulo). Il fait le point pour Libération.

A quel stade de l’épidémie se trouve le Brésil ?

Il n'y a pas un panorama unique dans un pays aussi grand. Tout dépend de la région. Dans les grandes villes comme São Paulo, Rio, Fortaleza ou Mana