Continent de la libre circulation, l’Europe s’est barricadée brusquement mi-mars. Si la plupart des pays européens ont fermé en quelques jours leurs frontières, la réouverture s’annonce plus longue et tortueuse.
Contrepoint aux premières mesures d’assouplissement du confinement annoncées ou entrées en vigueur dans l’UE, les contrôles stricts aux frontières ont été prolongés. Au 3 mai en Allemagne et jusqu’au 15 en Espagne. Or ces restrictions fragilisent un secteur majeur dans l’économie de l’Europe : le tourisme. Dans le monde d’avant, les trois quarts des trajets internationaux effectués par les citoyens européens étaient à destination de pays de l’UE. Ces voyages alimentaient le tourisme, qui compte pour environ 10 % du PIB européen (de 2,6 % en Slovaquie à 20 % en Grèce) et 12 % des emplois. Alors que les vacances d’été approchent, les gouvernements européens font entendre des préoccupations différentes. Dans les pays du Sud, très dépendants du secteur, on plaide pour relancer les vols commerciaux et le tourisme international. La Grèce a ainsi fait savoir qu’elle serait bientôt prête à pratiquer des tests dans les aéroports, qui permettront de s’assurer que les touristes ne sont pas porteurs du Covid-19.
Mais dans la plupart des autres pays, on vante les mérites du tourisme national, à l'image du chancelier autrichien, Sebastian Kurz. Lundi, une réunion en visio des ministres du Tourisme de l'UE a mis sur le tapis une solution médiane, faite d'accords bilatéraux et de «corridors à touristes». Selon Politico, la ministre maltaise a suggéré la création de «corridors entre les pays, comme Malte, dont la gestion de crise a été saluée». En clair, autoriser le tourisme uniquement de et vers des pays jugés à moindre risque. L'archipel méditerranéen n'est pas le seul à y penser. La République tchèque négocie des vacances pour ses citoyens en Croatie, et l'Autriche envisage d'autoriser les touristes venus «de pays qui gèrent bien la situation», comme l'Allemagne. Des plans bilatéraux peu conformes à l'esprit de Shengen.