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Interview

Bruno Le Maire : «L’Union européenne est une protection, pas un problème»

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Le ministre de l’Economie et des Finances prône la mutualisation des dettes européennes et une hausse des ressources propres de l'UE pour éviter de fortes divergences entre Etats et ainsi sauvegarder l’avenir de la zone euro.
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, à Versailles en 2019. (Denis ALLARD/Photo Denis Allard pour Libération)
par Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles (UE)
publié le 3 mai 2020 à 17h49

Le coronavirus va engendrer une crise économique «vertigineuse» qui va accroître les divergences entre le Nord et le Sud de l’Union, met en garde Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. Si les Vingt-Sept ne parviennent pas à mutualiser la dette destinée à financer les dépenses de reconstruction, l’Union et la zone euro seront vouées à disparaître.

Le 28 avril, l’agence de notation Fitch, a dégradé de BBB+ à BBB- la note de la dette publique italienne – qui va passer de 135,2% du PIB à 155,7% en raison de la crise du coronavirus. Elle n’est plus qu’à un cran de la catégorie des investissements «pourris» (junk bonds). Est-ce l’annonce d’une nouvelle crise de la dette au sein de la zone euro?

Non. Les écarts de taux d'intérêt («spread») entre les grands Etats européens restent réduits grâce à l'action de la Banque centrale européenne (BCE) qui a su apporter une réponse forte : le 19 mars, elle a annoncé qu'elle allait racheter pour au moins mille milliards d'euros d'obligations publiques et privées, ce qui a ramené le calme sur les marchés et permis aux pays de la zone euro de continuer à se financer à bas coût pour soutenir massivement leurs économies. L'euro a donc été un bouclier efficace : sans lui, plusieurs Etats touchés de plein fouet par la crise du coronavirus seraient aujourd'hui en grande difficulté.

En dégradant la dette italienne, Fitch n’indique-t-elle pas qu’il est impératif de mutualiser la dette générée par les dépenses de reconstruction dues à la crise du coronavirus afin d’éviter que les Etats les plus faibles ne soient coulés par une dette insupportable ?

Avant d'apporter des réponses, nous devons identifier les risques qui pèsent sur l'Union et sur l'euro. Le premier risque, c'est qu'au lendemain de la crise, les Etats qui en ont la capacité budgétaire, comme l'Allemagne, redémarrent très vite, et que d'autres redémarrent plus lentement, comme l'Italie ou l'Espagne. La zone euro ne survivrait pas à des divergences économiques croissantes. Nous devons au contraire aller vers davantage de convergence économique et de solidarité financiè