Alors que la pandémie de coronavirus paralyse l'économie mondiale, la question du revenu universel fait son retour dans le débat public, s'affichant comme une solution pour protéger les plus vulnérables et amortir des chocs économiques comparables à ceux de la Grande Dépression de 1929. Pour ses défenseurs, un revenu de base inconditionnel serait plus qu'une assistance sociale, il reviendrait à accorder à tous une part de la richesse nationale créée par la collectivité. Entretien avec Philippe Van Parijs, professeur de philosophie aux universités de Louvain et Leuven (Belgique) et coauteur de l'ouvrage de Revenu de base inconditionnel. Une proposition radicale (1).
La pandémie a entraîné une perte de revenus pour des dizaines de millions de personnes à travers le monde. Pourquoi estimez-vous qu’il est temps d’adopter un revenu de base ?
Même le [libéral] Financial Times affirmait dans son éditorial collectif du 3 avril que «des politiques considérées jusqu'à il y a peu comme excentriques, tel le revenu de base», devront faire partie du «mix» des mesures à prendre. Ce qui a fait proliférer les revendications pour l'adoption d'un revenu de base, c'est d'abord le fait que du jour au lendemain, par suite de l'ordre de confinement, beaucoup se sont trouvés abruptement sans revenus ou avec des revenus diminués. Dans certains pays, de nombreuses personnes ont pu faire appel à des dispositifs de protection sociale préexistants ou mis en place dans l'urgence. Mais dans la plupart, nombreux sont ceux qui n'ont pas accès à ces dispositifs, comme les personnes qui travaillent dans le secteur informel.
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