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Libération

Royaume-Uni : le lourd bilan du coronavirus éclipsé par un adultère

publié le 6 mai 2020 à 20h16

Parfois, il existe des coïncidences curieuses. Un bilan tragique noyé par un scandale. Une nouvelle cruciale gommée par les détails croustillants d’un banal adultère. Le Royaume-Uni a enregistré mardi le plus lourd bilan d’Europe en ce qui concerne les décès dus au Covid-19, avec plus de 32 000 morts.

Le même jour, le professeur Neil Ferguson, l'un des plus influents conseillers scientifiques du gouvernement britannique, annonçait sa démission. Le quotidien conservateur Daily Telegraph et le tabloïd The Sun avaient choisi de mettre en une mercredi des photos du professeur et d'une femme plus jeune (38 ans), «sa maîtresse mariée et dans un mariage ouvert», plutôt que le bilan.

Alors que le pays est confiné depuis le 23 mars, la femme aurait traversé Londres pour rendre visite à deux reprises au professeur, confiné seul. Ce dernier a reconnu «une erreur de jugement», tout en expliquant avoir pensé être immunisé après avoir eu les symptômes du coronavirus et passé deux semaines en stricte isolation. Même si, à ce jour, il n'est pas encore prouvé à 100 % qu'avoir contracté le coronavirus entraîne une immunité. Le même jour aussi, le conseiller scientifique en chef du gouvernement, Patrick Vallance, reconnaissait devant un comité parlementaire que le gouvernement avait décidé «pour toute une série de raisons» de suspendre le 12 mars le renforcement de la capacité à tester la population pour le Covid-19. «Si nous avions accéléré rapidement la capacité de tester, cela aurait clairement été bénéfique», a-t-il reconnu. Les capacités de tests n'ont été renforcées qu'à partir de la seconde moitié du mois d'avril. Là encore, cette information est passée presque inaperçue.

La démission du professeur Neil Ferguson, 51 ans, est loin d’être anodine. Epidémiologiste et professeur en biologie mathématique, le scientifique dirige depuis 2012 le MRC Centre for Global Infectious Disease Analysis à l’université d’Imperial College à Londres. En vingt ans, il a travaillé sur toutes les plus grandes épidémies, la fièvre aphteuse en 2001, le Sras en 2003, la grippe porcine en 2011, le Mers en 2012, et Ebola et Zika en 2014. Les études de son groupe sont consultées par l’OMS et par de nombreux gouvernements dans le monde.