De la salle de la Cour constitutionnelle allemande aux salles des marchés, la contagion n’a pris que quelques minutes. Le 5 mai, après la publication de la décision des juges de Karlsruhe remettant en cause le rachat par la BCE de la dette publique des Etats, les bons du Trésor italiens ont immédiatement décroché. En fin de journée, le «spread», à savoir l’écart entre le taux d’intérêt des obligations italiennes sur dix ans et celui des obligations allemandes, avait augmenté de 6,5 %. En d’autres termes, pour se financer auprès des marchés, l’Etat italien devait payer plus d’intérêts pour attirer les investisseurs. Depuis, la tension est en partie retombée. En coulisse, la Banque centrale européenne est intervenue pour apaiser les inquiétudes financières, et en public, les dirigeants européens se sont employés à déminer, au moins provisoirement, l’impact de la bombe politique des juges allemands.
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Rancœurs
A Rome aussi, le ministre de l'Economie s'est empressé de jeter de l'eau sur le feu : «La sentence de la cour de Karlsruhe n'a pas de conséquence sur le plan d'acquisition des titres d'Etat par la BCE et ne concerne, en aucune manière, les mesures de politique monétaire prises pour faire face à la crise du coronavirus.» Ces mesures