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Analyse

En Algérie, le projet de Constitution de Tebboune fait pschitt

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Remis aux partis politiques pour consultation, le document rédigé par un comité d’experts désignés par le chef de l’Etat ne remet pas en cause l’hyperprésidentialisation du régime.
Dans les rues d'Alger, le 29 avril. (Photo Toufik Doudou. AP)
publié le 14 mai 2020 à 11h48

A chaque président sa Constitution. Ainsi le veut la tradition algérienne. «Abdelmadjid Tebboune a été mal élu en décembre au terme d’un scrutin largement boycotté par la population, rappelle le politologue Belkacem Benzenine. Le référendum qui doit accompagner les changements constitutionnels est censé lui apporter cette légitimité qui lui fait défaut.» Comme ses prédécesseurs en leur temps, le chef d’Etat algérien a désigné en janvier un comité d’experts présidé par un éminent professeur de droit, Ahmed Laraba, en lui confiant des «axes de travail» pour modifier la Loi fondamentale de la République algérienne. Une approche technique aux antipodes du «processus constituant» réclamé par la rue.

Après quatre mois de réflexion, la «mouture de l'avant-projet de révision de la Constitution» a été remise le 7 mai aux partis, associations et syndicats algériens. Le timing pouvait difficilement être plus mauvais. L'Algérie est le second pays le plus touché d'Afrique par l'épidémie de coronavirus (6 000 cas et 515 décès): les mesures de confinement sanitaire ont été prolongées jusqu'au 29 mai. Le mois de ramadan ralentit encore davantage le rythme de la vie publique. Et la chute des prix du pétrole a frappé de plein fouet l'économie, maladivement dépendante du secteur des hydrocarbures. «Le contexte ne se prête pas du tout à un