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Libération
Vu de New Delhi

En Inde, le droit du travail victime collatérale du Covid-19

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Le gouvernement de l'Uttar Pradesh a suspendu le 6 mai des lois encadrant le droit du travail. Une course à la compétitivité qui a poussé de nombreux autres Etats à suivre cet exemple et qui inquiète les ouvriers, travaillant déjà dans des conditions difficiles.
Des travailleurs migrants attendent un train pour rentrer chez eux, à Bombay jeudi. (PUNIT PARANJPE/Photo Punit Paranjpe. AFP)
publié le 14 mai 2020 à 14h49

Rakesh Yadav attend désespérément devant la gare centrale de New Delhi qu'un train le ramène dans sa région natale de l'Uttar Pradesh, dans le nord-est du pays. Après quasiment deux mois d'arrêt, quelques trains commerciaux circulent depuis mardi, et ce chauffeur de mototaxi ne pense qu'à rentrer : «Depuis deux mois, nous ne pouvons plus travailler, donc nous devons mendier notre nourriture, lance-t-il, exaspéré. Là-bas, je travaillerai dans les champs ou comme ouvrier dans une usine.» Le gouvernement indien a récemment autorisé certains trajets interrégionaux et depuis une semaine, environ 100 000 personnes arrivent chaque jour en Uttar Pradesh, par bus, train, vélo et même parfois à pied, fuyant des villes fortement contaminées par le coronavirus qui n'offrent plus de revenu à ces travailleurs pauvres.

«Les syndicats devenaient trop puissants»

Dans cet Etat de 200 millions d’habitants, les usines, qui reprennent lentement leur activité, ne pourront toutefois pas absorber une telle migration inversée. Le gouvernement régional, dirigé par un moine radical du parti nationaliste hindou du Premier ministre (BJP, parti du peuple indien), a donc décidé de venir en aide à ces entrepreneurs : le 6 mai, il a suspendu, par ordonnance et pour trois ans, 33 des 36 lois qui encadrent le droit du travail ou les normes de sécurité des entreprises. Ces textes garantissaient la rémunération équitable entre les ouvriers, l’organisation de syndicats, les congés maternité ou interdisent d’employer des enfants.

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