«En une semaine, on est passé de zéro à 200 cas. Désormais, il y en a plus de 1 000 et l'escalade va continuer dans les prochaines semaines. Le virus a mis du temps à arriver dans le quartier mais aujourd'hui, il y circule librement, et ça aurait pu être évité.» Pour y avoir travaillé dix ans, le docteur Gabriel Sanchez connaît bien le quartier informel de la Villa 31, qui abrite 65 000 personnes dans un entrelacs de ruelles rouge parpaing. C'est un quadrilatère de 6 kilomètres de long délimité par les voies ferrées de la gare de Retiro et le port de Buenos Aires, en plein centre de la ville, à quelques dizaines de mètres seulement du très chic quartier de Recoleta, avec ses blanches façades et les grilles dorées et clinquantes de ses ambassades. Un réservoir de travailleurs peu qualifiés.
Ne pouvant croître horizontalement, la Villa 31 empile les étages comme des Lego sous la poussée démographique. Les maisons semblent, comme ces arbres d'Amazonie, chercher vers le ciel la lumière qui s'est raréfiée à leur base. Elle refuse la dénomination de bidonville que lui apposent ceux qui ne la connaissent pas, et lui préfère celle de barrio, «quartier» en espagnol.
«On aurait pu, dû mieux faire»
C'est en lisière du quartier que se sont installés les camions