Spécialiste des relations entre l’Occident et l’Asie, le professeur Kishore Mahbubani (1), ancien diplomate et auteur singapourien, estime que la montée en puissance de l’Asie dans les domaines économique, technologique et culturel, est l’événement majeur de notre époque. Pour lui, la crise du coronavirus sera retenue dans les manuels d’histoire comme la date officielle d’un processus entamé depuis plusieurs décennies : l’ouverture du «siècle asiatique».
Avec toute la prudence de mise lorsqu’on examine les chiffres des infections et des morts du Covid-19, il semble que les pays asiatiques, qui étaient pourtant en première ligne, qui ont enregistré les premières contaminations hors de Chine, s’en sortent mieux que l’Europe… Qu’est-ce qui l’explique, selon vous ?
La crise est loin d’être terminée. A mon avis, on n’en est même pas à la moitié, il faut donc se garder de jugements à l’emporte-pièce. Néanmoins, les premiers chiffres sur la mortalité des populations, non seulement en Chine, mais au Vietnam, en Corée du Sud, à Singapour… semblent spectaculairement inférieurs aux taux de mortalité européens. Nous n’avons pas encore d’explication scientifique, mais on peut déjà supposer que la gestion politique de la crise a été meilleure dans les pays asiatiques.
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Il est vrai qu’on a vu très tôt appliquées des mesures pratiques telles que des distributions gratuites de masques, et leur port obligatoire, dans des pays dits pauvres, comme la Thaïlande ou le Vietnam. Comment de tels moyens ont-ils pu être mis en œuvre ?
Bien sûr, il y a la question de la fabrication des masques en Asie et de la puissance industrielle, mais pas seulement. Depuis des décennies, on voit, aux Etats-Unis et en Europe, des gouvernements qui délégitimisen