C’est une maison juive. Les étoiles de David dans la pierre en attestent depuis son édification séculaire. Au cœur de Jérusalem, une fierté pour ses habitants. Pas nationaliste, plutôt du genre «ça montre qu’on ne l’a prise à personne». Dans le jardin flotte le murmure précédant la sirène de shabbat. Le vendredi soir, leur porte est toujours ouverte, aux camarades comme au journaliste rencontré la veille.
Lea Tsemel porte un masque, signe des temps, qui accentue cet implacable regard vert-de-gris toujours souligné au khôl. La peau hâlée et la moustache jaunie aux Gauloises, Michel Warschawski a l’aura d’un vieux chef tribal.
On songe aux «derniers des Mohicans», cliché désignant les vétérans de l’extrême gauche israélienne, puis, par extension, on pense aux «Indiens de Palestine» de Deleuze. Eux, qui ont dédié leur vie à la cause (la paix autant que la Palestine, mais l’une est-elle possible sans l’autre ?), savent néanmoins très bien qu’ils ne le sont pas, palestiniens.
Elle, justement, est très israélienne. Sabra ashkénaze, née à Haïfa la rouge avant la création d'Israël. Ses phrases brèves disent tout, comme des portes qui claquent. Lui, fils du grand rabbin de Strasbourg, se veut «diasporique», tout en digressions qu'il se garde de conclure. Pour les Israéliens, elle est «l'avocate du diable», la traîtresse qui défend les terroristes. Lui, s'amuse-t-il, n'est que «l'un de ses dossiers». Réducteur mais vrai. «Compagnons de voyage et de combat»,