Nadège Rolland, chercheuse sur les questions politiques et de sécurité en Asie au National Bureau of Asian Research basé à Seattle et Washington, revient sur la longue montée en puissance de la Chine ces dernières décennies.
De quand date la rivalité entre la Chine communiste et les Etats-Unis ?
En 1949, lors de la naissance de la république populaire de Chine, la rivalité est plus avec la Russie qu’avec Pékin. Pour Washington, la chute de l’URSS, en 1991, marque le triomphe du libéralisme. Après trente ans de maoïsme, la Chine est un nain économique, elle n’est pas vraiment dans le radar. En revanche, Pékin voit désormais les Etats-Unis comme un rival, qui va continuer à passer son rouleau compresseur de libéralisation et de démocratisation dans le monde entier. La Chine décide de faire profil bas et de se renforcer en vue d’un futur conflit. Des réformes sont lancées, des éléments capitalistes sont intégrés, tout en gardant le contrôle. L’entrée à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), en 2001, la propulse sur la scène internationale. Les entreprises étrangères, fascinées par ce marché gigantesque, investissent, transfèrent des technologies. L’idée, assumée par les gouvernements occidentaux, est qu’en aidant la Chine à s’intégrer à l’international, elle va se libéraliser politiquement et que la nouvelle classe moyenne exigera plus de libertés. Pékin donne quelques garanties, laisse faire un peu de démocratie locale. Il y a bien des tensions bilatérales, mais après le 11 Septembre, les Etats-Unis sont absorbés par la guerre antiterroriste et