En Libye, la guerre est bien plus meurtrière que le Covid-19 : plus de 600 morts depuis le 24 mars, date à laquelle le premier malade libyen a été diagnostiqué. Depuis, côté coronavirus, sur 5 154 personnes testées, 75 cas ont été confirmés, dont trois morts. L’ONU n’a cessé d’appeler à une trêve pour combattre la pandémie, mais n’a été entendue ni par le maréchal Haftar, dont les troupes tentent depuis avril 2019 de prendre Tripoli, ni par le gouvernement d’union nationale, reconnu par les Nations unies et soutenu par les milices qui contrôlent la capitale libyenne et le nord-ouest du pays.
Cependant, tout en continuant à se battre, les deux «gouvernements» rivaux ont pris des mesures contre le virus avant même qu’un premier cas ne soit confirmé. Dès le 29 février, alors que l’aéroport de Tripoli était rouvert pour quelques heures après une journée d’intenses tirs de missiles par l’artillerie de Haftar, du personnel masqué prenait la température des passagers avec des caméras thermiques. Deux semaines plus tard, toutes les frontières et les aéroports du pays étaient fermés et des couvre-feux décrétés de part et d’autre de la ligne de front.
Les mesures ont rendu plus difficile la vie des centaines de milliers de migrants subsahariens qui vivent en Libye. A cause des restrictions sur les déplacements et de la fermeture des magasins, les migrants ont du mal à trouver de la nourriture et du travail. Le couvre-feu autorise les sorties à pied pour des besoins de base mais, pour le