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décryptage

L’Europe rhabillée de la dette aux pieds

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Le plan de relance, proposé mercredi par la Commission européenne, prévoit de créer un fonds de 750 milliards d’euros empruntés sur les marchés. Un pas important vers le fédéralisme.
Ursula van der Leyen à Bruxelles, mercredi. (Photo Oliver Matthys. AP)
publié le 27 mai 2020 à 20h46

La Commission européenne a proposé, mercredi, de créer un fonds de relance de 750 milliards d’euros afin de faire face à la récession causée par la crise du Covid-19. Cette somme sera empruntée sur les marchés : 500 milliards seront des subventions directes aux Etats qui seront remboursées par le budget européen, et 250 milliards des prêts à la charge de chaque bénéficiaire.

Il s'agit d'un tournant historique pour l'UE, la capacité d'endettement et donc l'autonomie budgétaire étant l'un des attributs essentiels d'un Etat. La presse anglo-américaine évoque d'ailleurs un «moment hamiltonien» pour l'Europe, en référence à Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis, qui a réussi en 1790 à convaincre le Congrès de créer une dette fédérale. C'est le même chemin qu'est en train de suivre l'UE. Mais on n'en est pas encore là : il va falloir convaincre les vingt-sept Etats membres, les décisions dans ce domaine se prenant à l'unanimité.

Qui ne veut pas d’une dette commune ?

Essentiellement les pays du Nord, autoproclamés «vertueux», peu soucieux de partager leurs richesses : Allemagne, Autriche, Danemark, Finlande, Pays-Bas, un clivage qui s'était déjà manifesté lors de la crise de la zone euro en 2010-2012. Dès que l'Italie a appelé à la solidarité européenne, en mars dernier, ils ont refusé