Dans la cour d'une maison de plain-pied aux murs jaunes, à El Bosque, l'une des communes les plus pauvres du grand Santiago, mijote une grande marmite de charquicán, un ragoût de bœuf et de légumes typique de la cuisine chilienne. Devant la porte, un panneau écrit à la main annonce que la soupe populaire, la olla común, sera prête à 13 heures. Les voisins arrivent au compte-gouttes. Rosa Martinez, 37 ans, est venue avec une casserole vide en fer-blanc. «Je viens chercher à manger pour ma famille parce que nous sommes douze sous le même toit, entre mes enfants, mes neveux, mes oncles et mes parents. Et personne n'a de travail, explique-t-elle. Dans ma famille, tout le monde travaillait dans la construction, et quand les premières mesures de confinement ont été annoncées, fin mars, les chantiers se sont arrêtés net», explique cette mère de trois enfants. Elle a bien reçu une allocation exceptionnelle de la part de l'Etat, mais cela a servi «à payer les factures, pour ne pas qu'on nous coupe l'eau, l'électricité, et Internet, pour les enfants».
Au Chili, le premier cas de Covid-19 a été confirmé le 3 mars. Le gouvernement du président de droite, Sebastián Piñera, au plus bas dans les sondages après cinq mois d’un mouvement social historique contre les inégalités dans le pays, a rapidement pris des mesures pour tenter de limiter la contagion. Les rassemblements de grande ampleur ont été interdits, les frontières ont été fermées le 18 m