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Le Portrait

Yaïr Lapid, mâle au centre

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Ancien journaliste télé, le principal opposant à Nétanyahou est un centriste séducteur qui flirte parfois avec la démagogie et s’oppose aux religieux.
(Photo Jonas Opperskalski pour Libération)
publié le 2 juin 2020 à 18h21

Au Proche-Orient, les politologues ont longtemps versé dans l’ornithologie, triant faucons et colombes. Yaïr Lapid, chantre de l’anticorruption et nouveau chef de l’opposition à la Knesset, cherche surtout à éviter un autre nom d’oiseau : le pigeon, le «fryer». Celui qui se fait rouler, la pire des insultes en Israël. Après 500 jours d’âpre campagne et trois élections indécises qui ont paralysé le pays et fait transpirer le triple inculpé Benyamin Nétanyahou, Lapid a vu son «ex-partenaire», le général retraité Benny Gantz, rejoindre en «rampant» l’insubmersible Premier ministre. Game over pour le duo Gantz-Lapid, pourtant première menace tangible au règne de «Bibi» en une décennie.

Leur parti Bleu-Blanc, comme le drapeau, voulait incarner un centrisme patriotique testostéroné, une sorte de Likoud light. Lapid avait accepté d’en être le numéro 2, même si tout reposait sur Yesh Atid («Il y a un futur»), le redoutable appareil qu’il a fondé en 2012. Finalement, la moitié des députés est partie à la soupe dans le gouvernement le plus pléthorique jamais vu en Israël, l’autre est restée fidèle à Lapid. Gantz est aujourd’hui «Premier ministre suppléant», condamné à renier la première de ses promesses, ne jamais siéger avec un Premier ministre en procès, en espérant que Nétanyahou tienne la sienne et lui cède son siège fin 2021. Lapid est désormais chef d’une opposition bigarrée, entre ultranationalistes, partis arabes et derniers oripeaux du