Tarhouna était le dernier bastion des troupes du maréchal Khalifa Haftar dans l'Ouest libyen. En se retirant de la ville, le 5 juin, son autoproclamée «armée nationale libyenne» (ANL) a définitivement perdu la bataille de Tripoli. Sans sa base arrière de Tarhouna, qui fournissait l'essentiel des combattants locaux, le siège de la capitale est devenu impossible. Les forces affiliées au gouvernement d'union nationale le savent : bien qu'elles soient entrées sans combattre dans la localité, située à 70 kilomètres au sud-est de Tripoli, elles ont bruyamment manifesté leur triomphe – et parfois leur soif de revanche. Des destructions de propriété et des pillages ont été signalés.
Quelques jours après la conquête de Tarhouna, le gouvernement d'union nationale a annoncé la découverte de huit «charniers» dans la ville et ses alentours. Le mot est évidemment lourd de sens. Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, s'est dit «profondément choqué». La guerre civile libyenne étant aussi une guerre de communication, les médias étrangers, qui n'ont pas pu envoyer de reporters sur place puisque les vols sont suspendus pendant la pandémie, ont jusqu'à présent traité l'information avec prudence.
Morgue de l’hôpital
Lundi, le gouvernement d'union nationale a organisé une conférence de presse pour donner les premiers détails de l'enquête. «Nous avons exhumé dix corps de la premi