Il trône, sur son piédestal de granit, en plein milieu du parc. Ce lion imposant, érigé en 1884 pour commémorer la seconde guerre anglo-afghane, est un point de ralliement pour les habitants de Reading. C’est ici, au cœur de Forbury Gardens, en plein centre-ville, que les amis ou les amoureux se donnent rendez-vous pour une promenade, un pique-nique… Samedi soir, pour le solstice d’été, la soirée était douce et de nombreux groupes d’amis ou de familles prolongeaient la journée en plein air. Le Royaume-Uni n’est pas encore complètement déconfiné, mais les parcs et jardins n’ont jamais fermé. Dans l’après-midi, une manifestation Black Lives Matter avait traversé le parc, mais la foule, très pacifique, s’était depuis longtemps dispersée quand l’horreur a frappé, juste avant 19 heures.
Un jeune homme, habillé de noir et brandissant un couteau d'une douzaine de centimètres, selon certains témoins, s'est soudain jeté sur des groupes assis dans l'herbe. Il semble avoir visé au hasard, mais, en peu de temps, il a poignardé plusieurs personnes. Dimanche matin, la police qualifiait l'attaque de «terroriste» et précisait pencher pour un «acte isolé». La police et les secours sont arrivés en quelques minutes, mais déjà trop tard pour sauver trois personnes, mortes sur place. Au moins trois autres blessés ont été hospitalisés samedi soir, deux d'entre eux ont pu sortir dès dimanche.
L’attaquant a été très vite interpellé : il s’agit d’un homme de 25 ans. D’après plusieurs sources, il serait d’origine libyenne, arrivé il y a quelques années au Royaume-Uni. Il aurait déjà été condamné à quelques mois de prison pour des faits de violence, mais pas de terrorisme, et en serait récemment sorti.
Dans la soirée de samedi, une vingtaine de policiers ont opéré un raid dans un appartement de la banlieue de Reading, à environ 6 kilomètres de Forbury Gardens. Reading, qui compte quelque 230 000 habitants, est situé à 64 kilomètres à l’ouest de Londres, au confluent de la Tamise et de la rivière Kennet, et connu pour son festival de musique en plein air qui se tient chaque fin d’été (il a été annulé cette année pour cause de Covid-19).
Selon des témoins, cités par The Independent, l'appartement où vivait l'attaquant était géré par la ville et utilisé comme logement provisoire pour des individus récemment sortis de prison. Selon The Guardian, la porte-parole de l'Association nationale des officiers de contrôle judiciaire (Napo), Tania Bassett, aurait précisé que l'homme était supervisé par ses services et souffrait de «graves problèmes mentaux». Si ces informations étaient confirmées, elles expliqueraient la réaction du Premier ministre britannique, Boris Johnson, qui a déclaré dimanche : «S'il y a des leçons à tirer sur la manière dont nous gérons de tels cas, dont nous réagissons à des situations menant à de tels cas, alors nous les tirerons et nous n'hésiterons pas à agir là où c'est nécessaire.»
Il s'agit de la quatrième attaque terroriste au couteau en six mois au Royaume-Uni, où le niveau d'alerte terroriste est actuellement de trois, «substantiel», sur une échelle de cinq. Il signifie qu'une attaque terroriste est «probable».