Salle 300 de la cour d’assises des mineurs de Hambourg. La porte s’ouvre, les flashs crépitent et l’accusé Bruno Dey, 93 ans, apparaît. Sa fille pousse le fauteuil roulant où le vieillard se protège des regards à l’aide d’un dossier cartonné, les yeux sont cachés par des lunettes de soleil, un chapeau complète le tout. Mais il lui faut bien montrer son visage, la justice l’exige ; exposer aux regards son visage banal de nonagénaire allemand.
Boulanger à la retraite, l’homme coulait des jours paisibles jusqu’à ce que la justice le somme de s’expliquer sur ses activités entre le 9 août 1944 et le 26 avril 1945. Gardien au camp de concentration de Stutthof, aujourd’hui en Pologne, cet ancien SS est accusé d’avoir participé à l’assassinat de 5 230 personnes. Parce qu’il avait moins de 18 ans au moment des faits, c’est au tribunal des mineurs qu’il est jugé.
Bruno Dey est poursuivi pour avoir empêché «la fuite, la révolte et la libération des prisonniers». Le parquet l'accuse d'être un «rouage de la machine à tuer». Autrefois, ce motif n'aurait pas été suffisant pour justifier des poursuites pénales. Mais