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Libération
Reportage

Hongkong : les exilés chinois rattrapés par le Parti

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Hongkong sous le joug de Pékindossier
Alors que Pékin s’apprête à promulguer une nouvelle loi de sécurité nationale, ceux qui ont fui la Chine communiste craignent pour leurs libertés.
Lors d’une manifestation à Hongkong, le 27 mai. (Photo Lam Yik Fei. NYT redux-rea)
publié le 24 juin 2020 à 20h16

Chez les Wong, la haine du Parti communiste chinois (PCC) se transmet depuis trois générations. C’est elle qui a poussé Li, un marin, à s’exiler dans le «port aux parfums» en 1949, quand Mao Zedong a pris le pouvoir. C’est elle qui a nourri sa fille Josy, devenue une fervente défenseure des libertés de la région semi-autonome. Le 4 juin, cette femme de 62 ans se tient droit dans ses baskets lors des commémorations de Tiananmen pourtant interdites officiellement à cause du Covid-19.

Trente et un ans plus tôt, quand Josy a regardé à la télé les chars avancer sur les étudiants chinois, elle a su que «Hongkong ne s’en sortirait pas» et ne conserverait pas jusqu’en 2047, comme promis par Pékin, le système juridique et le mode de vie hérités de l'époque coloniale. «Je me prépare au pire depuis des années», résume Josy, qui traîne sa fille Saya à toutes les manifestations et observe le PCC «mijoter à petit feu les Hongkongais comme une grenouille dans une marmite».

Le pire se concrétise aujourd’hui : Pékin s’apprête à promulguer une loi de sécurité nationale qui primera sur celles de l’ancienne colonie qui entreraient en contradiction avec elle. De quoi faire éclater le principe «un pays, deux systèmes».

«Le PCC a pris le contrôle de façon sournoise, petit à petit : un de mes voisins est venu de Chine continentale, puis ça a été mon coiffeur, puis des enfants à l'école de ma fille, etc.», raconte Josy, assistante sociale. Depuis la rétrocession en 1997, plu