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Islam

Le pèlerinage à La Mecque en tout petit comité pour raison sanitaire

Alors que le nombre de cas de coronavirus augmente en Arabie Saoudite, le royaume a décidé de limiter le hajj, prévu fin juillet, à moins de 10 000 pèlerins déjà présents sur son sol. Cette mesure inédite représente toutefois un gros manque à gagner.
Autour de la Kaaba, à La Mecque mardi. (Photo AFP)
publié le 24 juin 2020 à 8h55

Aucune violence à craindre cette année à La Mecque ni aucune bousculade meurtrière comme il y en eut dans le passé à l'occasion du grand pèlerinage, prévu fin juillet. Car aucun musulman résidant hors d'Arabie Saoudite ne pourra se rendre sur les lieux saints. Le rassemblement de plus de 2 millions de fidèles habituellement sera en effet réduit «à un nombre très limité» de pèlerins. Une décision inédite des autorités saoudiennes qui gèrent les lieux saints de l'islam à l'instar de tant d'autres conséquences de l'épidémie du coronavirus à travers le monde. Mais une décision attendue puisque le royaume avait appelé dès début avril les musulmans désireux de faire leur pèlerinage de renoncer à l'organisation de leur voyage.

Very happy few

L’image de l’immense esplanade entourant la pierre noire cubique de la Kaaba déserte, comme la place Saint-Pierre de Rome ou Saint-Marc de Venise, a frappé l’esprit des musulmans depuis sa fermeture début mars. Car outre le grand hajj annuel, des dizaines de milliers de fidèles se rendaient à d’autres moments de l’année pour de petits pèlerinages sur les sanctuaires de La Mecque et de Médine. Gardienne des deux lieux les plus saints de l’islam, l’Arabie saoudite avait pris l’initiative historique d’interdire l’accès de son territoire aux étrangers venant de partout dans le monde, en même temps que toutes les prières dans les mosquées du royaume.

«La protection de la santé des musulmans impose de ne pas autoriser l'accès du hajj aux fidèles venus de l'extérieur du pays», a déclaré le ministre saoudien de la Santé en annonçant la décision de limiter le nombre de pèlerins «intérieurs» à moins de 10 000. Ces very happy few, saoudiens ou étrangers résidant dans le royaume, seront sélectionnés en accord avec les missions diplomatiques de leurs pays respectifs à Riyad. Ils devront être âgés de moins de 65 ans et ne pas avoir de maladie chronique. Ils subiront une série d'examens médicaux avant le pèlerinage et observeront une quatorzaine après la fin du hajj. Mais ces privilégiés pourront accomplir leurs rites dans des conditions d'espace, de confort et de sécurité inédites.

Deuxième source de revenus du pays

Avant l’annonce officielle saoudienne, plusieurs pays musulmans ont annulé les pèlerinages pour leurs citoyens. L’Indonésie, qui compte la plus importante population musulmane au monde, envoie traditionnellement le plus gros contingent de pèlerins au hajj, mais elle avait renoncé début juin au pèlerinage devant les risques liés à la pandémie. En Inde, le ministère aux Affaires des minorités a indiqué que plus de 200 000 personnes étaient inscrites pour le hajj de 2020 et assuré qu’elles recevraient un remboursement des sommes déjà déposées. D’autant que, malgré les précautions sanitaires prises, l’Arabie saoudite connaît une recrudescence du nombre de contaminations. Les autorités ont officiellement recensé au total plus de 164 000 personnes infectées, dont 1 346 décès.

Les mesures sanitaires prises par Riyad depuis le début de la crise sont très coûteuses pour l'économie saoudienne, déjà fortement affectée par la chute des prix du pétrole. Car les pèlerinages, deuxième source de revenus du royaume, rapportent chaque année près de 10 milliards d'euros au pays. Cette année ce chiffre devrait être divisé par trois, comme les prix du pétrole.