Faut-il juger les «petites mains» de la machinerie nazie ? Le grand âge des accusés permet-il un procès équitable ? Comment évaluer leur responsabilité ? Chaque procès de ce type suscite son lot d'interrogations ; celui de Bruno Dey ne fait pas exception. Si ces questions ne se posaient guère pour les accusés des procès de Nuremberg, la situation est aujourd'hui tout autre, comme le détaille Beate Klarsfeld, qui lutte depuis les années 60 contre l'impunité des nazis, dans ce texte transmis à Libération : «Les principaux criminels décisionnaires, cadres de la Solution finale, ont progressivement disparu. Il était possible de les juger selon les critères d'une justice équitable : par la nature même des fonctions qu'ils occupaient, ils rédigeaient, signaient ou paraphaient des documents qui se retournaient contre eux. Cette étape est révolue. Il ne reste que les manœuvres du crime, la base de la pyramide. Pour continuer à juger le crime nazi, il a fallu interpréter plus largement la loi, et le cas référence a été le procès de Demjanjuk [lire ci-contre] : désormais, c'est à l'accusé de prouver son innocence puisque sa culpabilité est établie par le fait qu'il occupait une fonction dans l'appareil concentrationnaire exterminateur qui contribuait à la bonne marche de cet appareil. Ainsi, des gardiens, des comptables, des cuisiniers qui opéraient dans un camp d'extermination peuvent être inculpés, jugés et condamnés sauf s'ils prouvent qu'ils se sont opposés
Récit
Les «seconds couteaux» en première ligne dans les procès des crimes nazis
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L’ex-SS Bruno Dey à la cour d’assises des mineurs de Hambourg, le 6 janvier. (Photo Georg Wendt. DPA)
par Johanna Luyssen
publié le 24 juin 2020 à 20h21
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