Menu
Libération
Sécheresse

Chili : sans eau en pleine pandémie, à l’ombre des avocatiers

Article réservé aux abonnés
Dans le centre du pays, en pleine pandémie du Covid, les habitants des campagnes manquent terriblement d'eau alors qu'ils sont entourés de champs verdoyants d'avocatiers destinés en grande partie à l'exportation.
Plantation d'avocatiers dans la province de Petorca, en 2018. (Photo Claudio Reyes. AFP)
publié le 28 juin 2020 à 15h20

En cette fin du mois de juin, la pluie tombe sur la vallée de Petorca, dans le centre du Chili. Des averses inespérées dans cette province au climat semi-aride, à trois heures de route de Santiago. «Cela fait cinq ans qu'il n'avait pas plu comme ça», explique, émue, Katy Espinoza, qui a grandi dans le hameau de Quebrada de Castro. «On se baignait dans la rivière, on y pêchait, c'était tellement agréable, se souvient cette femme au foyer de 52 ans. Et on avait tellement de fruits qu'on n'avait pas besoin d'en acheter. Quand je dis tout ça à mes petits-enfants, ils croient que je leur raconte des histoires.»

Au fil des ans, l'eau s'est faite de plus en plus rare dans le ruisseau et le petit canal d'irrigation en contrebas de la maison. La rivière Petorca a été déclarée asséchée en 1997, suivie de la rivière La Ligua, dans la vallée voisine, quelques années plus tard. Le centre du Chili n'échappe pas au dérèglement climatique, et depuis 2010, il connaît sa pire sécheresse en plus d'un siècle.

Troisième exportateur mondial d’avocats

Le phénomène est aggravé par l'agriculture intensive et une mauvaise gestion de l'eau dans la région. Favorisés par le modèle néolibéral imposé sous la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990) et la privatisation de l'eau à partir de 1980, des grands agriculteurs ont acheté de nombreux droits d'usage de l'eau, et planté dans la région des milliers d'hectares d'avocatiers et d'agrumes. Les arbres vert vif s'étalent aujourd'hui à flanc de colline, ou le long