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Libération

Pourquoi le «New York Times» a-t-il décidé d’écrire «Black» avec une majuscule et pas «white» ?

Devant le siège du «New York Times», le 3 juin. (Photo Johannes EISELE. AFP)
publié le 3 juillet 2020 à 18h21

La consigne vient d'une note publiée le 30 juin dans le New York Times : désormais, les journalistes du quotidien américain devront écrire «Black» avec une majuscule. La décision a été prise après avoir consulté «plus de 100 membres» de la rédaction, et dans un contexte particulier : celui de la mort de George Floyd, tué par un policier blanc fin mai aux Etats-Unis. «Sur la base de ces discussions, nous avons décidé d'adopter ce changement et de commencer à "capitaliser" le mot "Black" pour décrire les personnes et les cultures d'origine africaine, aux Etats-Unis et ailleurs» , écrit le New York Times. Justifiant sa décision ainsi : «Nous croyons que ce style transmet le mieux des éléments d'histoire et d'identité communes, et reflète notre objectif d'être respectueux de toutes les personnes et communautés que nous couvrons.» Cette annonce répond également à un mouvement de fond dans la presse américaine depuis quelques semaines. Avant le Times, l'agence Associated Press (AP) avait pris la même décision. «Le noir en minuscule est une couleur, pas une personne», expliquait dans une note John Daniszewski, vice-président pour les normes au sein de l'Associated Press. Concernant une éventuelle capitalisation du mot «blanc», AP se pose toujours la question. Ce n'est pas le cas du New York Times, qui a de son côté tranché : «Nous conserverons le traitement en minuscule pour le mot "blanc". Bien qu'il y ait une question évidente de parallélisme, il n'y a pas eu de mouvement comparable vers l'adoption généralisée d'un nouveau style de "blanc", et il y a moins le sentiment que "blanc" décrit une culture et une histoire partagées. De plus, les groupes haineux et les suprémacistes blancs ont longtemps privilégié le style majuscule, ce qui en soi est une raison pour l'éviter.»

En France, la grande majorité des médias met une majuscule à «Blanc» et à «Noir», principalement pour des raisons grammaticales. «A partir du moment où on l'utilise comme une ethnie, la règle des nationalités s'applique», explique Michel Becquembois, chef du service édition de Libé.