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Interview

«Le VIH et le coronavirus sont des épidémies qui entrent en collision»

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La directrice de l’Onusida, Winnie Byanyima, alerte sur les conséquences de la crise sanitaire, alors que s’ouvre ce lundi à San Francisco la conférence mondiale sur le sida.
Devant un centre de dépistage du coronavirus et du VIH, à Johannesburg en avril. (Jerome Delay/Photo Jerome Delay. AP)
publié le 6 juillet 2020 à 16h03

C’est une semaine marquée par le sida qui débute dans le monde. Ce lundi s’ouvre la conférence mondiale sur le VIH à San Francisco qui doit se tenir jusqu’à vendredi. Cette année, le rendez-vous planétaire rassemblant plusieurs dizaines de milliers de chercheurs et de militants, va prendre une forme virtuelle pour cause de coronavirus, avec plus de 600 sessions via Internet. Une large place est faite aux liens entre les deux épidémies.

Ce lundi également, l’Onusida, structure qui regroupe toutes les agences onusiennes, rend public son rapport bisannuel sur la situation et sur la riposte. Un bilan très correct, mais toujours chargé d’inégalités régionales. L’arrivée du coronavirus inquiète fortement tous les acteurs. Winnie Byanyima occupe depuis un an le poste de directrice de l’Onusida. Personnalité ougandaise très appréciée, fortement engagée sur le droit des femmes, elle avait dirigé auparavant l’ONG Oxfam International.

La riposte face à l’épidémie de coronavirus risque-t-elle de fragiliser la lutte contre le sida ?

Le risque est réel. Et c’est d’autant plus dommage que le nouveau rapport de l’Onusida souligne qu’il y a de grands succès dans la lutte contre le sida, en particulier dans l’accès au traitement du VIH, avec plus de 25 millions de personnes aujourd’hui qui en bénéficient. Coté prévention, en Afrique subsaharienne, les nouvelles infections ont diminué de 38 % au cours des dix dernières années, bien plus que la moyenne mondiale, qui est de 23 %. Mais à l’inverse, en Europe de l’Est et en Asie centrale, les nouvelles infections ont augmenté de 72 % depuis 2010