Une galette de pain libanais fourrée de sucre ou enduite d'huile d'olive. C'est souvent le seul repas que Fatima peut offrir à ses enfants ces jours-ci. «Même les légumes sont devenus inabordables. Le prix du kilo de tomates a été multiplié par quatre», raconte au téléphone la mère de famille de Tripoli, capitale du Liban-Nord et deuxième ville du pays. «J'ai six enfants en tout, mais j'ai donné les deux aînées en mariage, très jeunes, pour avoir moins de bouches à nourrir. Les quatre enfants qui restent à la maison ont entre 8 et 18 ans. Je ne vais pas les remettre à l'école à la rentrée prochaine. Les frais d'inscription s'élèvent à 15 euros pour chacun. Et puis, il faut leur acheter des habits, des fournitures scolaires. Or, c'est impossible aujourd'hui et il faut faire des choix.» Il y a moins d'un an encore, la famille vivait décemment avec les revenus du père carreleur que Fatima complétait en faisant des ménages dans les maisons plus aisées. Mais après un accident de travail, le mari n'a pu retrouver « les chantiers qui se sont tous arrêtés, tandis que mes employeurs n'avaient plus les moyens de payer pour des ménage s», raconte-t-elle. « Les choses se sont dégradées brutalement, depuis que la révolution a éclaté en octobre et que le dollar a commencé à monter. D'ailleurs, ne vous y trompez pas, c'était dès le départ une révolution de la faim dirigée contre la classe politique pourrie », commente
Enquête
Liban: la chute des classes
Article réservé aux abonnés
Explosions à Beyrouth: la colère des Libanaisdossier
Le centre de Beyrouth plongé dans l’obscurité jeudi soir faute d’électricité. (Photo Myriam Boulos)
publié le 10 juillet 2020 à 20h16
Dans la même rubrique