Un jour d'avril, José María Blasco Pérez reçoit une urne. «C'est la maison de retraite qui me l'envoyait et il me fallait croire qu'elle contenait les cendres de ma mère. Mais, au fond, je n'en sais rien. J'ai amené l'urne au columbarium où je les ai placées à côté de celles de mon père. Mais je ne suis pas en paix, rien ne pourra m'enlever la rage et la colère qui m'envahissent. Sauf que la justice se fasse. Car ma mère a été assassinée, ni plus ni moins.» La soixantaine, employé dans la fabrique de bière Mahou, José María fait partie de ces Espagnols qui ont perdu un parent pendant la pandémie de Covid-19 et qui estiment que ce parent a été abandonné à son sort, délaissé, pour mourir dans la plus totale désespérance. Il fait partie d'un collectif de 45 personnes qui, pour économiser en frais de justice, ont déposé une plainte collective devant les tribunaux de Madrid contre une même maison de retraite, celle où résidait sa mère depuis sept ans : la residencia («maison de retraite») Vitalia de Leganés, une grosse cité-dortoir du sud de Madrid. Au total, 38 procédures judiciaires sont en cours contre des maisons de retraite de la région de Madrid, accusées de ne pas avoir assez agi pour éviter la mort de centaines de résidents.
En plein déconfinement, l’heure est venue de faire les premiers bilans, de panser ses plaies et de faire la lumière sur les affres du coronavirus. Jeudi, au palais royal de Madrid, une cérémonie civile était organisée pour re