Le 21 juillet 2020 restera-t-il dans l'histoire comme le «moment hamiltonien» de l'Union européenne, celui qui va inéluctablement la faire basculer du confédéralisme mou actuel vers une fédération à l'américaine ? Le parallèle historique est frappant : en 1790, Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des tout jeunes Etats-Unis, arrache au Congrès l'autorisation de créer une dette fédérale et de se porter garant de celles des Etats fédérés au bord de la faillite, ce qui a créé les bases de la future puissance américaine en lui donnant des griffes. Deux cent trente ans plus tard, le même scénario semble se répéter, sur le Vieux Continent cette fois : l'autorisation donnée à la Commission de lancer un emprunt de 750 milliards d'euros n'est, en effet, rien d'autre que la création d'une dette «fédérale», une véritable révolution, un moment «historique» selon Emmanuel Macron.
«Aussi longtemps que je vivrai»
Pourtant, l'histoire est encore loin d'être écrite. Certes, le chemin parcouru est immense. En mars, la simple évocation de lancer des «coronabonds», c'est-à-dire d'emprunts européens destinés à aider financièrement les pays les plus touchés par les conséquences de la pandémie de Covid-19, suscitait encore des hurlements des pays du Nord, en Allemagne en particulier. Une doctrine allemande aussi