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Analyse

Plan de relance : un accord «historique»… qui reste à transformer

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Coulisses de Bruxellesdossier
Après quatre jours d’un sommet européen très tendu, les Vingt-Sept sont parvenus à un accord, mardi, validant un emprunt de 750 milliards d’euros et créant de facto une forme de «fédéralisation». Mais prudence, car le plan n’est que temporaire, comme le martèle Berlin.
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, le président du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président français Emmanuel Macron, ce mardi à Bruxelles. (Stephanie Lecocq/Photo Stephanie Lecocq. AP)
par Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles (UE)
publié le 21 juillet 2020 à 18h34

Le 21 juillet 2020 restera-t-il dans l'histoire comme le «moment hamiltonien» de l'Union européenne, celui qui va ­inéluctablement la faire basculer du confé­déralisme mou actuel vers une fédération à l'américaine ? Le parallèle historique est frappant : en 1790, Alexander Hamilton, le premier secrétaire au Trésor des tout ­jeunes Etats-Unis, arrache au Congrès l'autorisation de créer une dette fédérale et de se porter ­garant de celles des Etats fédérés au bord de la faillite, ce qui a créé les bases de la future puissance américaine en lui ­donnant des griffes. Deux cent trente ans plus tard, le même scénario semble se répéter, sur le Vieux Continent cette fois : l'auto­risation donnée à la Commission de lancer un emprunt de 750 milliards d'euros n'est, en effet, rien d'autre que la création d'une dette «fédérale», une véritable révolution, un moment «historique» selon Emmanuel ­Macron.

«Aussi longtemps que je vivrai»

Pourtant, l'histoire est encore loin d'être écrite. Certes, le chemin parcouru est immense. En mars, la simple évocation de lancer des «coronabonds», c'est-à-dire d'emprunts européens destinés à aider ­financièrement les pays les plus touchés par les conséquences de la pandémie ­de Covid-19, suscitait encore des hurlements des pays du Nord, en Allemagne en par­ticulier. Une doctrine allemande aussi